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L’histoire de la Rédemption
n’ont pas mérité la damnation éternelle doivent, avant d’être admises
au ciel, être purifiées de leurs péchés dans un lieu de tourment.
Mais il fallait une autre doctrine, également forgée de toutes
pièces, pour que Rome puisse tirer profit de la peur et des vices de
ses adhérents : celle des indulgences. L’entière rémission des péchés
passés, présents et futurs, et l’exemption des peines et amendes im-
posées par l’Eglise, étaient promises à ceux qui prenaient part aux
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guerres soutenues par le pape en vue d’étendre son pouvoir temporel,
de châtier ses ennemis ou d’exterminer ceux qui osaient contester
sa suprématie spirituelle. On enseignait aussi que, moyennant une
certaine somme d’argent versée dans le trésor de l’Eglise, on ob-
tenait soit le pardon de ses propres péchés, soit la délivrance des
âmes de personnes de connaissance qui souffraient dans les flammes
du purgatoire. De cette façon, Rome s’enrichissait et finançait les
dépenses entraînées par sa magnificence, son luxe et les vices des
soi-disant représentants de Celui qui n’avait pas un lieu où reposer
sa tête
Matthieu 8 :20
.
L’ordonnance biblique de la sainte Cène instituée par notre Sei-
gneur fut supplantée par le sacrifice idolâtre de la messe. Les prêtres
soumis au pape prétendaient transformer le pain et le vin dans le
vrai corps et le vrai sang du Christ. Ils avaient la prétention blas-
phématoire de pouvoir par là même “créer le Créateur”. Et tous les
chrétiens étaient tenus, sous peine de mort, de souscrire à cette abo-
minable hérésie. Ceux qui refusaient d’y croire étaient condamnés
au bûcher.
Le midi de la papauté coïncidait avec le minuit de l’humanité.
Les saintes Ecritures étaient presque totalement inconnues, non
seulement du peuple, mais aussi des prêtres. Comme autrefois les
pharisiens, les membres du clergé haïssaient la lumière qui dévoilait
leurs péchés. Après que la loi de Dieu, norme de la justice, eut été éli-
minée, ils pouvaient exercer le pouvoir de façon absolue et se livrer
au vice sans retenue. La fraude, l’avarice et la dissolution régnaient.
Pour obtenir des richesses ou pour accéder à un rang plus élevé, on
ne reculait devant aucun crime. Les palais des papes et des prélats
étaient le théâtre d’affreuses scènes de débauche. Certains pontifes
commettaient des crimes si odieux que des souverains, les jugeant
trop indignes du trône papal, tentèrent de les déposer. Pendant des
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siècles, l’Europe ne fit aucun progrès dans les sciences, les arts et