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Luther et la grande Réforme
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Dans un appel adressé à l’empereur et à la noblesse de la na-
tion allemande en faveur de la réformation de la chrétienté, Luther
écrivait à propos du pape : “C’est un spectacle effrayant et atroce
qu’offre le chef suprême de la Chrétienté qui se vante d’être le Vi-
caire du Christ et le successeur de Saint Pierre, quand il mène une
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existence si pompeuse et si mondaine que sur ce point aucun Roi ni
aucun Empereur ne peut l’atteindre ni l’égaler. (...) Il porte une triple
couronne, alors que les plus grands rois ne portent qu’une seule
couronne : si c’est là s’égaler au pauvre Christ et à Saint Pierre, c’est
une nouvelle manière de les égaler ! (...) Ils disent qu’il est le maître
du monde, mais c’est un mensonge, car le Christ, dont il se vante
d’être le délégué et le représentant, a dit à Pilate : ‘Mon royaume
n’est pas de ce monde’. Un délégué ne peut avoir des pouvoirs plus
étendus que son maître.” — “A la noblesse chrétienne de la nation
allemande”,
Oeuvres, Genève 2 :94, 95
.
Concernant les universités, il déclarait : “Je crains fort que les
universités ne soient les portails de l’enfer, si l’on ne s’applique
pas à y expliquer la sainte Ecriture et à la graver dans le cœur des
jeunes. Je ne conseille à personne de placer son enfant là où l’on
n’accorde pas à la Bible la première place. Toute institution où la
Parole de Dieu n’est pas l’objet d’un intérêt constant est vouée à la
décadence”.
Cet appel, qui eut un large retentissement à travers l’Allemagne,
exerça une profonde influence sur toute la population, et la nation
entière en vint à se rallier aux principes de la Réforme. Brûlant
du désir de se venger, les ennemis de Luther pressèrent le pape
de prendre des mesures décisives contre lui. Il fut décrété que ses
doctrines seraient immédiatement condamnées. Soixante jours furent
accordés au réformateur et à ses adhérents pour se rétracter, sous
peine d’être excommuniés.
Quand il reçut la bulle papale, Luther s’écria : “Je la méprise et
la flétris comme impie et mensongère.... C’est
le Christ
lui-même
qu’elle condamne. ... Je me réjouis d’avoir à subir de tels maux pour
la meilleure des causes. Mon cœur éprouve déjà une plus grande
liberté, car j’ai enfin la certitude que le pape est l’antichrist, et que
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son trône est celui de Satan lui-même”.
Cependant, la bulle du pontife romain ne resta pas sans effet. La
prison, la torture et l’épée étaient des moyens puissants pour imposer