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Chapitre 2 — Rompre le pain de vie
Beaucoup de personnes dont nos prédicateurs s’occupent sont
ignorantes des vérités bibliques et les plus simples leçons sur la
pratique de la piété leur sont comme une révélation. Elles ont be-
soin de savoir ce que Dieu demande d’elles et, en les instruisant,
le prédicateur ne devrait pas développer des sujets fantaisistes ou
qui satisfont simplement la curiosité. Son devoir est au contraire de
rompre le pain de vie pour ces âmes affamées. C’est pourquoi aucun
sermon ne doit être prêché qui ne permette aux auditeurs de voir
plus nettement ce qu’ils doivent faire pour être sauvés.
Les nécessités immédiates, les épreuves du moment exigent
qu’on vienne sur le champ au secours de ces personnes. Les discours
du prédicateur peuvent transporter aux nues grâce à des descriptions
poétiques et à des images fantaisistes qui plaisent aux sens et sé-
duisent l’imagination. Mais l’orateur n’a rien dit qui se rapporte à
l’expérience de la vie, aux nécessités quotidiennes, bien qu’il pense
peut-être que sa belle éloquence a nourri le troupeau de Dieu. Ses
auditeurs peuvent estimer qu’ils n’ont jamais vu habiller la vérité
d’un si beau vêtement, et en conséquence être plongés dans le ra-
vissement par de si brillants propos. Mais on s’apercevra aussi que
les vérités bibliques n’ont été que chichement exposées et que de
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tels sermons n’ont fortifié personne pour les batailles de l’existence
quotidienne.
Celui qui, dans sa prédication, recherche avant tout l’éloquence,
fait perdre de vue la vérité qu’il mêle à ses belles phrases. Quand
l’émotion s’en sera allée, on constatera que la Parole de Dieu n’est
pas fixée dans les esprits, que les auditeurs ne l’ont pas mieux com-
prise. Peut-être ceux-ci s’entretiendront-ils en termes admiratifs des
beaux discours du prédicateur, mais les décisions qu’ils devraient
prendre n’auront pas avancé d’un pouce. Ils parleront du sermon
comme ils le feraient d’une pièce de théâtre, et du prédicateur comme
d’un acteur. Ils reviendront peut-être l’écouter, mais ils repartiront
sans que rien ne se soit gravé dans leur esprit, sans avoir été nourris.
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