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Chapitre 1 — Vertus charitables
Chaque fois que notre vie est mêlée à celle d’autrui, il faut faire
preuve de sympathie, d’indulgence et de maîtrise de soi. Le point de
vue de chacun diffère considérablement de celui du voisin, car nous
avons tous des dispositions, des habitudes, une éducation qui nous
sont particulières. Nous jugeons des choses différemment. Notre
compréhension de la vérité, nos idées sur les problèmes pratiques
de la vie, ne sont pas en tous points les mêmes. Il n’y a pas deux
hommes dont les expériences soient entièrement semblables. Les
épreuves de l’un ne sont pas celles de l’autre. Les devoirs qui pa-
raissent légers à celui-ci seront lourds pour celui-là.
La nature humaine est si frêle, si ignorante, si sujette à l’erreur,
que chacun devrait faire bien attention à la manière dont il estime
les autres. Nous ne nous rendons pas toujours compte de l’influence
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de nos actes sur la vie des autres. Ce que nous faisons ou disons peut
nous paraître peu important, alors que si nos yeux s’ouvraient, nous
verrions qu’il en résulte pour le bien ou pour le mal des conséquences
incalculables.
Consideration pour les pionniers
Bien des chrétiens ne se sont jamais beaucoup dépensés pour
leur prochain ; leur cœur a connu si peu d’angoisses réelles, ils se
sont si peu mis en peine des autres, qu’ils ne peuvent pas comprendre
en quoi consiste l’œuvre de celui qui sent peser sur lui la charge des
âmes. Ils ne sont pas plus capables d’apprécier l’importance de sa
tâche que l’enfant n’a conscience des soucis de son père. L’enfant
peut s’étonner des inquiétudes de ses parents ; elles lui semblent
inutiles. Mais lorsque les années se seront écoulées, lorsqu’il aura fait
lui-même connaissance avec les difficultés, il considérera à nouveau
la vie de son père, et comprendra ce qui lui était incompréhensible
auparavant. Les expériences pénibles qu’il aura faites lui auront
ouvert les yeux.
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