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Stimulants et narcotiques
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de nombreuses vies humaines. Ou c’est un navire qui fait naufrage
et se perd corps et biens. En recherchant les causes de l’accident, on
découvre presque toujours qu’un homme placé à un poste important
était sous l’influence de l’alcool. Peut-on se permettre de boire ainsi
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lorsque l’on porte la responsabilité de nombreuses vies humaines ?
Ce n’est qu’en ceux qui s’abstiennent de toute boisson enivrante
qu’il est possible de se confier.
Les autres intoxicants
Ceux qui ont un penchant pour les stimulants ne devraient jamais
avoir sous les yeux ou à leur portée ni vin, ni bière, ni cidre. Ce
serait les induire en tentation. Il en est beaucoup qui considèrent le
cidre doux comme inoffensif, et ne se font aucun scrupule de s’en
procurer. Mais il ne reste doux que très peu de temps et ne tarde
pas à fermenter. Le goût piquant qu’il acquiert alors plaît à certains
palais ; celui qui en boit admet difficilement qu’il soit fermenté.
On met sa santé en danger en employant du cidre doux selon
la méthode ordinaire. Si les gens pouvaient voir au microscope ce
que contient celui dont ils font usage, bien peu voudraient en goûter.
Les fabricants emploient souvent des pommes véreuses ou pourries.
Ceux qui ne consentiraient à aucun prix à se servir de ces fruits
d’une autre manière, en boivent le jus et le trouvent délicieux. Mais
le microscope révèle que, même au sortir du pressoir, donc avant que
la fermentation ait commencé, ce breuvage si agréable est impropre
à la consommation.
Le vin, la bière et le cidre intoxiquent aussi réellement que les
boissons fortes. Leur usage fait naître le goût pour des alcools plus
forts, et c’est ainsi que se contracte l’habitude de boire des liqueurs.
L’usage modéré des boissons fermentées est l’école où se forment
les ivrognes. L’influence de ces breuvages est si insidieuse que leurs
victimes s’engagent dans le chemin de l’alcoolisme avant même
d’en avoir soupçonné le danger.
Bien que n’étant jamais considérés comme vraiment ivres, cer-
tains buveurs sont toujours sous l’influence des boissons fermentées.
Ils sont fiévreux, instables, mal équilibrés, se croient sûrs d’eux-
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mêmes. Ils persévèrent dans leur manière de faire, jusqu’à ce qu’ils
ne connaissent plus de retenue et sacrifient les principes les plus