Page 100 - Premiers Ecrits (1970)

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Les songes de Madame White
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Je vis en rêve un temple où beaucoup de monde se rendait. Ceux-
là seulement qui s’y réfugiaient seraient sauvés à la fin des temps.
Tous ceux qui n’y entraient pas seraient perdus sans retour. Des
foules de gens qui passaient par là en se rendant à leurs occupations,
se moquaient de ceux qui entraient dans le temple, et leur disaient
que cette voie de sécurité n’était qu’une fable habilement conçue ;
qu’en réalité, il n’y avait aucun danger à éviter. Ils se saisirent même
de quelques-uns pour les empêcher de se réfugier dans l’enceinte du
temple.
Craignant d’être tournée en dérision, je jugeai prudent d’attendre
que la foule se fût dispersée, ou jusqu’à ce que je puisse entrer sans
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attirer l’attention. Mais la foule augmentait au lieu de diminuer. De
peur d’arriver trop tard, je quittai la maison en toute hâte et me frayai
un chemin au travers de la foule. Mon désir d’entrer au temple était
tel que je ne fis pas attention à tous ceux qui m’entouraient. En
pénétrant dans l’édifice, je remarquai qu’il reposait sur une immense
colonne à laquelle était attaché un Agneau meurtri et sanglant. Nous
qui étions présents paraissions comprendre que c’était pour nous
que cet Agneau avait été frappé et meurtri. Tous ceux qui entraient
dans le temple devaient venir devant lui pour confesser leurs péchés.
En face de l’Agneau se trouvaient des sièges élevés, occupés
par des gens qui paraissaient très heureux. La lumière du ciel sem-
blait resplendir sur leurs visages ; ils louaient Dieu et chantaient des
cantiques d’actions de grâce ressemblant à une musique angélique.
C’étaient ceux qui étaient venus devant l’Agneau pour confesser
leurs péchés et ayant reçu son pardon étaient maintenant dans l’at-
tente joyeuse de quelque heureux événement.
Même après être entrée dans l’édifice, je fus envahie par un senti-
ment de crainte. J’avais honte de m’humilier en présence de ces gens.
Mais je me sentais contrainte d’avancer. Je faisais lentement le tour
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