Page 103 - Premiers Ecrits (1970)

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Un songe de William Miller
(
Mentionné à la page
48)
J’ai rêvé que Dieu, par une main invisible, m’avait envoyé un bel
écrin ciselé, d’ébène et de perles curieusement incrustées, d’environ
vingt-cinq centimètres sur quinze. Une clé était attachée à l’écrin,
et je l’ouvris immédiatement. A ma grande surprise, il était rempli
de toutes sortes de joyaux de dimensions variées : des diamants, des
pierres précieuses et des pièces d’or et d’argent de différente valeur.
Le tout était si bien arrangé qu’il s’en dégageait une lumière que
seul le soleil pouvait égaler.
Emerveillé par la beauté et la valeur du contenu de cet écrin, je
pensai qu’il était de mon devoir de ne pas en jouir seul. Je le plaçai
donc sur une table, au milieu de ma chambre, et demandai à tous
ceux qui le désiraient de venir admirer ce que jamais œil humain
n’avait contemplé.
Les gens commencèrent à arriver, peu nombreux d’abord, puis
augmentant petit à petit jusqu’à ce qu’il y ait foule. En apercevant
les joyaux, ils poussèrent des cris d’admiration. Puis chacun voulut
les toucher : ils les sortirent de l’écrin, et il y en eut bientôt un peu
partout sur la table.
Je me dis alors que le propriétaire de cet écrin me les réclamerait,
et si je permettais qu’on disperse ainsi toutes ces choses de prix,
je n’arriverais jamais à les remettre en place, ni à remplacer celles
qui pourraient manquer. Je priai donc les visiteurs de ne plus les
toucher et de les laisser dans l’écrin. Mais plus j’insistais, plus on
les dispersait. Il y en avait maintenant partout : sur la table, sur le
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plancher et sur tous les meubles de la chambre.
Je m’aperçus même que parmi les bonnes pièces de monnaie et
les vrais joyaux, il y en avait un grand nombre de faux. Je fus indigné
de l’ingratitude et de la malhonnêteté de ces gens, et je leur adressai
de violents reproches. Mais plus je m’énervais, plus ils éparpillaient
de faux joyaux et de fausses pièces parmi les véritables.
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