Page 162 - Premiers Ecrits (1970)

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La chute de l’homme
Les saints anges visitaient souvent le jardin d’Eden, et ils don-
naient des instructions à Adam et Eve au sujet de leurs occupations.
Ils leur parlèrent aussi de la révolte de Satan et de sa chute. Ils les
mirent en garde contre lui, et leur conseillèrent de ne jamais se sé-
parer dans leur travail, car ils pourraient être amenés en présence
de cet ennemi déchu. Les anges leur conseillèrent aussi de suivre
fidèlement les instructions que Dieu leur avait données, car ce n’était
qu’en obéissant strictement qu’ils pouvaient être en sécurité. Ainsi
l’ennemi n’aurait aucun pouvoir sur eux.
Satan entreprit son œuvre de séduction par Eve. Celle-ci commit
sa première erreur en s’éloignant de son mari, et la suivante en
s’attardant auprès de l’arbre défendu ; puis elle écouta la voix du
tentateur, osa même douter des paroles de Dieu : “Le jour où tu
en mangeras, tu mourras.” Elle se dit que Dieu n’avait peut-être
pas voulu dire exactement ce qu’elle avait compris, et, s’armant
d’audace, elle avança la main, prit du fruit et en mangea. Celui-ci
n’était-il pas “bon à manger et agréable à la vue” ? Elle éprouva de
la jalousie de ce que Dieu avait défendu ce qui était en réalité pour
leur bien. Elle offrit du fruit à son mari, et le tenta. Elle lui fit part
de tout ce que le serpent lui avait dit, et lui exprima son étonnement
de l’avoir entendu parler.
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J’ai vu le visage d’Adam envahi par la tristesse ; il semblait
effrayé, surpris. Une lutte se livrait dans son esprit. Il était convaincu
qu’il s’agissait de l’ennemi contre lequel ils avaient été mis en garde,
et que sa femme allait mourir. Ils devaient être séparés. Mais son
amour pour Eve était fort, et dans un profond découragement il
résolut de partager son sort. Il prit le fruit, et vite il le mangea.
Alors Satan exulta. Il s’était révolté dans le ciel, et il avait gagné
des sympathisants qui l’aimaient et l’avaient suivi dans sa révolte.
Il était tombé et en avait entraîné d’autres avec lui. Maintenant il
venait de tenter la femme de se détourner de Dieu, de douter de sa
sagesse et de vouloir chercher à pénétrer ses desseins omniscients.
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