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Vies d’hommes de Dieu
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Car Moïse n’était pas prêt encore pour la tâche qui lui incombait.
Il devait apprendre à dépendre de Dieu. Il avait mal compris l’inten-
tion divine, et espérait délivrer Israël par la force. Pour y parvenir,
il risqua tout, et échoua. Vaincu, déçu, il s’enfuit et s’exila en terre
étrangère.
Dans les déserts de Madian, Moïse passa quarante années à
garder les moutons. En apparence, sa mission était remise à tout
jamais ; en fait, il se préparait à l’accomplir. C’est dans la maîtrise
de soi qu’il trouverait la sagesse nécessaire pour diriger une foule
ignorante et indisciplinée. En gardant les moutons et les jeunes
agneaux, il devait acquérir l’expérience qui ferait de lui le berger
fidèle et patient d’Israël. Pour représenter Dieu, il devait se mettre à
son école.
En Egypte, il avait été soumis à toutes sortes d’influences —
l’affection de sa mère adoptive, sa propre position de petit-fils du
roi, le luxe et le vice aux mille attraits, une religion idolâtre, mais
d’un mysticisme raffiné et subtil — qui avaient marqué son esprit et
son caractère. Mais dans le dépouillement du désert, tout s’effaça.
Dans la solitude des montagnes majestueuses, Moïse était seul
devant Dieu. Partout s’inscrivait le nom du Créateur. Moïse sentait
qu’il était en sa présence, à l’ombre de sa toute-puissance. Là, il ne
pouvait plus avoir l’illusion de se suffire à lui-même. En présence
de l’être infini, il mesurait combien l’homme est faible, impuissant,
aveugle.
C’est là qu’il prit conscience de la réalité de la présence divine,
une conscience qui ne le quitta pas, de toute sa longue vie épui-
sante et lourde de responsabilités. Non seulement il entrevit, dans le
lointain, le Christ fait chair, mais il le vit accompagnant les armées
d’Israël dans tous leurs voyages. Ainsi, même incompris et diffamé,
accablé de reproches et d’insultes, face au danger et à la mort, “il
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tint ferme, comme voyant celui qui est invisible”
Hébreux 11 :27
.
Moïse faisait plus que penser à Dieu : il le voyait. Il avait sans
cesse devant lui la vision de Dieu, il gardait toujours les yeux sur sa
face.
La foi de Moïse n’était pas incertaine ; elle se fortifiait de chaque
réalité. Il croyait, il reconnaissait que Dieu dirigeait sa vie person-
nelle, dans les moindres détails. Pour avoir la force de résister à la
tentation, il se confiait à lui.