Page 67 - fr_Éd(Ed)

Basic HTML Version

Le Maître envoyé par Dieu
63
devant des âmes, qu’elles fussent tentées, brisées, égarées, prêtes à
sombrer, non pour les confondre, mais pour les bénir.
C’est par les béatitudes qu’il salua la famille humaine. Prome-
nant ses regards sur l’immense foule rassemblée pour écouter le
sermon sur la montagne, il parut un moment oublier qu’il n’était
pas dans les cieux, et il utilisa la salutation familière au monde de
[90]
lumière. De ses lèvres jaillirent les bénédictions, comme si elles
avaient été longtemps retenues.
Se détournant des favoris de ce monde, de leurs ambitions et de
leur fatuité, le Christ affirma que seraient bénis ceux qui, quel que
fût leur dénuement, recevraient de lui lumière et amour. Aux pauvres
en esprit, aux affligés, aux persécutés, il ouvrit les bras : “Venez à
moi [...] et je vous donnerai du repos.”
Matthieu 11 :28
.
En chaque être humain il discernait des possibilités infinies.
Il voyait les hommes tels qu’ils pouvaient être, transfigurés par
sa grâce — dans “la tendresse du Seigneur, notre Dieu”
Psaumes
90 :17
. Mettant en eux son espoir, il leur inspirait l’espoir. Allant
à eux avec confiance, il faisait naître leur confiance. Offrant en
sa personne le véritable idéal de l’homme, il suscitait le désir et
l’assurance d’atteindre cet idéal. A son contact ceux qui étaient
méprisés et déchus prenaient conscience d’être toujours des hommes,
et aspiraient à se montrer dignes de son attention. Plus d’un cœur
mort en apparence à toutes les choses saintes frémissait à des appels
nouveaux. Plus d’un être désespéré voyait poindre devant lui l’aurore
d’une vie nouvelle.
Le Christ s’attache les hommes par des liens d’amour ; par ces
mêmes liens il les attache à leurs frères. Avec lui, aimer, c’est vivre ;
vivre, c’est servir. “Vous avez reçu gratuitement, dit-il, donnez gra-
tuitement.”
Matthieu 10 :8
.
Ce n’est pas sur la croix seulement que le Christ se donna pour
l’humanité. Comme “il allait de lieu en lieu en faisant le bien” (
Actes
10 :38
), à chaque instant, dans chaque expérience, il s’offrait. Il n’y
avait qu’un moyen de vivre ainsi : Jésus se confiait tout entier à Dieu
et était en communion constante avec lui. Les hommes se réfugient
[91]
de temps à autre à l’abri du Très-Haut, à l’ombre du Tout-Puissant ;
ils y demeurent un moment, de nobles actions en témoignent ; puis
la foi faiblit, la communion se brise, l’œuvre est compromise. Mais