L’economat, une responsabilite individuelle
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Les richesses reçues en heritage sont souvent un piege
L’argent qu’on laisse aux enfants devient fréquemment une
source d’amertume. Ils se querellent souvent au sujet des biens
qui leur sont laissés, et s’il s’agit d’un testament, ils sont rarement
satisfaits par les dispositions que leur père y a incluses. Au lieu que
les biens qu’ils reçoivent les incitent à la gratitude et au respect dû à
sa mémoire, ils créent plutôt du mécontentement, des murmures, de
l’envie et de l’irrespect. Des frères et des sœurs qui s’entendaient
parfaitement trouvent des motifs de contestation, et c’est ainsi que
les héritages introduisent fréquemment des dissensions dans les fa-
milles. Les richesses ne sont désirables que si elles permettent de
répondre aux besoins du présent, et de faire du bien aux autres. Mais
lorsqu’elles sont reçues en héritage, elles sont plus souvent un piège
pour leur propriétaire qu’une bénédiction. Les parents ne doivent
pas chercher à susciter des tentations à leurs enfants en leur laissant
des biens pour l’acquisition desquels ils n’auront pas eu à travailler.
Transfert de biens aux enfants
Il m’a été montré que certains enfants professant croire à la
vérité s’efforceront, d’une manière indirecte, d’influencer leur père
pour qu’il leur réserve ses biens, au lieu d’en disposer, pendant
qu’il vit, en faveur de la cause de Dieu. Ceux qui agissent de la
sorte, en détournant ainsi la fonction paternelle de l’économat, ne se
rendent pas compte de ce qu’ils font. Ils se chargent d’une double
responsabilité, d’abord en orientant l’esprit de leur père pour qu’il ne
remplisse pas le dessein de Dieu dans la disposition des biens qu’il
lui a confiés pour être employés à sa gloire, ensuite en s’instituant
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eux-mêmes les gérants de ces biens que leur père aurait dû faire
valoir lui-même afin que le Maître en reçût sa part avec les intérêts.
Bien des parents commettent une grande erreur en se débarras-
sant de leur fortune pour la placer entre les mains de leurs enfants,
alors qu’eux-mêmes sont responsables du bon ou du mauvais usage
des talents que Dieu leur a confiés. Un tel transfert de biens n’ajoute
au bonheur ni des parents, ni des enfants. Et les parents, s’ils vivent
quelques années de plus, regrettent généralement d’avoir pris une
telle initiative. Cette façon de procéder ne va pas augmenter l’amour
filial des enfants, car ceux-ci ne seront pas disposés à manifester