Page 77 - Heureux ceux qui (1995)

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Le vrai mobile de la vie chrétienne
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Ce qui constitue la plus grande force du mal en ce monde, ce
n’est pas la conduite des gens corrompus, mais bien la vie de ceux
qui, en apparence vertueux, honorables et nobles, entretiennent ce-
pendant un vice caché. Pour l’âme qui, en secret, luttant contre
quelque grande tentation, tremble au bord même du précipice, un tel
exemple est le plus puissant appel au péché. Celui qui, doté d’une
conception élevée de la vie, de la vérité et de l’honneur, transgresse
en connaissance de cause un seul précepte de la sainte loi de Dieu,
devient par ses nobles dons un piège pour ses semblables. Le génie,
le talent, la sympathie et même des œuvres de bonté et de générosité
peuvent devenir des rabatteurs de Satan qui entraîneront des âmes
dans la ruine, présente et éternelle.
“N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde.
Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ; car
tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise
des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient pas du Père, mais vient du
monde.”
1 Jean 2 :15, 16
.
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“Ne vous inquiétez pas.”
Celui qui vous a donné la vie sait que vous avez besoin de
nourriture. Celui qui a formé votre corps sait que des vêtements
vous sont nécessaires. Celui qui vous a fait don du Bien Suprême ne
vous accordera-t-il pas tout ce qu’il faudra pour rendre ce don plus
complet ?
Sur la montagne, Jésus attira l’attention de ses auditeurs sur les
oiseaux qui, libres de soucis, faisaient retentir leurs chants joyeux.
“Ils ne sèment ni ne moissonnent [...] et votre Père céleste les nourrit.”
“Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?” nous demande-t-il.
Humides encore de la rosée du matin, les fleurs égayaient col-
lines et prairies ; Jésus les leur montra et dit : “Considérez comment
croissent les lis des champs.” L’art des hommes peut chercher à imi-
ter la grâce des plantes et des fleurs ainsi que leurs coloris délicats,
mais où est celui qui donnera la vie à la moindre fleur ou au plus
petit brin d’herbe ? Le buisson fleuri au bord de la route doit son
existence à la puissance même qui a placé dans les cieux la multi-
tude des astres. Toute la création palpite de la vie qui a sa source
dans le cœur magnanime de Dieu, dont la main a revêtu les fleurs