Page 144 - J

Basic HTML Version

140
Jésus-Christ
nouveau. Seule une vie nouvelle, venant d’en haut, pouvait le rendre
capable d’apprécier les réalités spirituelles. Aussi longtemps que
ce changement n’était pas opéré, renouvelant toutes choses, il ne
résulterait rien d’utile d’une discussion concernant l’autorité et la
mission de Jésus.
Nicodème avait entendu la prédication de Jean-Baptiste au sujet
de la repentance et du baptême, au cours de laquelle il avait montré à
ses auditeurs celui qui devait les baptiser du Saint-Esprit. Nicodème
avait constaté que la spiritualité faisait défaut parmi les Juifs. Ceux-
ci étaient dominés à un haut degré par une fausse dévotion et des
ambitions mondaines. Il attendait une amélioration de cet état de
choses à la suite de l’avènement du Messie. Cependant le message du
Baptiste, qui sondait les cœurs, ne l’avait pas convaincu de péché. Il
était un pharisien rigide et se glorifiait de ses bonnes actions. Il avait
mérité une estime générale grâce à sa bienveillance et à la libéralité
avec laquelle il entretenait le service du temple, et il comptait sur
la faveur divine. Il frémit à la pensée que le royaume était trop pur
pour qu’il pût le voir dans l’état où il était.
L’image de la nouvelle naissance, dont Jésus s’est servi, n’était
pas entièrement nouvelle pour Nicodème. On comparait souvent
à des enfants nouveau-nés les prosélytes païens gagnés à la foi
d’Israël. Il doit donc avoir compris qu’il ne faut pas attacher aux
paroles du Christ un sens littéral. Mais il croit avoir droit au royaume
de Dieu, en tant qu’Israélite, en vertu de sa naissance. Il ne sent pas le
besoin d’un changement. D’où la surprise qu’il éprouve en entendant
parler le Sauveur. L’application directe et personnelle des paroles de
[153]
Jésus l’irrite. L’orgueil du pharisien lutte contre le désir sincère de
connaître la vérité. Il s’étonne que le Christ n’ait pas l’air de tenir
compte de sa position en Israël.
Dominé par la surprise, il dit ironiquement : “Comment un
homme peut-il naître quand il est vieux ?” Semblable à tant d’autres,
au moment où une vérité tranchante pénètre dans sa conscience,
il prouve que l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit
de Dieu. Rien en lui ne répond aux choses spirituelles ; car c’est
spirituellement qu’on les discerne.
Le Sauveur n’oppose pas argument à argument. Levant la main
avec dignité, il répète fermement la même vérité : “En vérité, en
vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut