Page 158 - J

Basic HTML Version

154
Jésus-Christ
et, avec le tact qu’engendre l’amour divin, il sollicita une faveur, au
lieu de l’offrir. S’il avait fait un présent, il se fût peut-être heurté à un
refus, mais la confiance engendre la confiance. Le Roi du ciel vint
auprès de cette âme déshéritée, sollicitant d’elle un service. Celui
qui a créé l’océan, et qui commande aux eaux de l’abîme, celui qui
a fait jaillir les sources et les cours d’eau, se reposa de sa fatigue
près du puits de Jacob, et attendit que l’obligeance d’une personne
étrangère apaisât sa soif.
La femme reconnut que Jésus était Juif. Surprise, elle ne pensa
pas à lui accorder l’objet de sa requête, mais chercha à en découvrir
la raison. “Comment toi qui es Juif, dit-elle, me demandes-tu à boire,
à moi qui suis une Samaritaine ?”
Jésus répondit : “Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui
qui te dit : Donne-moi à boire ! c’est toi qui l’en aurais prié, et il
t’aurait donné de l’eau vive.” Tu t’étonnes que je t’aie demandé une
faveur aussi banale que celle de me donner une gorgée d’eau puisée
dans ce puits. Si tu l’avais désiré, je t’aurais fait boire de l’eau de la
vie éternelle.
La femme ne comprit pas les paroles du Christ, mais elle en
sentit obscurément la portée solennelle. Sa frivolité habituelle fit
place au sérieux. Pensant que Jésus faisait allusion au puits qui se
trouvait là, elle dit : “Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits
est profond ; d’où aurais-tu donc cette eau vive ? Es-tu plus grand
que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits et qui en a bu lui-
même ?” Elle voyait, devant elle, un voyageur altéré, exténué, couvert
de poussière. Son esprit établissait une comparaison entre lui et le
vénéré patriarche Jacob. Comme cela est assez naturel, elle caressait
l’idée que nul puits n’égalait celui que ses ancêtres avaient creusé.
Elle regardait en arrière vers ses aïeux, et en avant vers la venue du
Messie, tandis que l’espoir des pères, le Messie lui-même, se tenait
près d’elle sans qu’elle le sût. Combien d’âmes assoiffées vivent
[167]
aujourd’hui tout près de la fontaine des eaux vives, et cherchent au
loin les sources de la vie !
“Ne dis pas en ton cœur : Qui montera au ciel ? c’est en faire
descendre Christ ; ou : Qui descendra dans l’abîme ? c’est faire
remonter Christ d’entre les morts. ... La parole est près de toi, dans
ta bouche et dans ton cœur. ... Si tu confesses de ta bouche le