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Jésus-Christ
“Va, appelle ton mari, et reviens ici.” Elle répond : “Je n’ai pas de
mari.” Elle espère, par là, mettre fin à des questions gênantes. Mais
le Sauveur poursuit : “Tu as bien fait de dire : Je n’ai pas de mari.
Car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton
mari. En cela tu as dit vrai.”
La femme est saisie d’un tremblement. Une main mystérieuse
tourne les pages de sa vie, mettant au jour ce qu’elle a cru pouvoir
garder caché. Qui est celui-ci qui lit ainsi les secrets de sa vie ? Elle
songe à l’éternité, au jugement à venir, qui manifestera tout ce qui
est scellé. A cette lumière, sa conscience s’éveille.
Elle ne peut pas nier ; elle essaye pourtant d’éviter un sujet aussi
scabreux. Elle dit donc avec beaucoup de respect : “Seigneur, je vois
que tu es prophète.” Puis, pour faire taire ses remords, elle entame
une controverse religieuse. Si cet homme est un prophète, il pourra
sûrement lui donner la solution des problèmes si longtemps discutés.
Patiemment Jésus consent à la suivre sur ce nouveau terrain.
Mais il n’attend que l’occasion de revenir à la vérité essentielle.
“Nos pères ont adoré sur cette montagne, dit-elle ; et vous dites,
vous, que l’endroit où il faut adorer est à Jérusalem.” La montagne
de Garizim se profile à l’horizon. De son temple en ruines, seul
l’autel reste debout. Des querelles se sont élevées entre les Juifs et les
Samaritains au sujet du vrai lieu de culte. Une partie des ancêtres des
Samaritains avaient appartenu autrefois au peuple d’Israël ; mais à la
suite de leurs péchés, le Seigneur permit qu’ils fussent vaincus par
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une nation idolâtre. Mêlés aux païens pendant plusieurs générations,
leur religion en fut graduellement contaminée. Ils prétendaient, il
est vrai, que leurs idoles servaient à leur rappeler le Dieu vivant, le
Maître de l’univers ; néanmoins le peuple se laissait aller à honorer
des images taillées.
A l’époque d’Esdras, quand le temple de Jérusalem fut rebâti, les
Samaritains avaient désiré participer avec les Juifs à son érection. Ce
privilège leur fut refusé, et il en résulta beaucoup d’animosité entre
les deux peuples. Les Samaritains construisirent un temple rival sur
la montagne de Garizim. Là, ils adorèrent selon le rituel mosaïque,
sans toutefois renoncer entièrement à l’idolâtrie. Ils eurent à subir
des désastres, leur temple fut détruit par des ennemis, et ils parurent
être sous le coup d’une malédiction ; cependant ils restèrent attachés
à leurs traditions et aux formes de leur culte. Ils ne voulaient ni