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Près du puits de Jacob
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Les disciples, à leur retour, furent étonnés de voir leur Maître
parlant à une femme. Il n’avait pas songé à étancher sa soif, et il ne
prit pas le temps de toucher aux aliments que les disciples avaient
apportés. La femme étant partie, les disciples l’engagèrent à manger.
Ils le voyaient silencieux, absorbé, et le visage resplendissant de
lumière, comme ravi dans sa méditation. Ils craignaient de troubler
sa communion avec le ciel. Cependant, le sachant affaibli et fatigué,
ils jugèrent de leur devoir de le rappeler au sentiment de ses besoins
physiques. Jésus fut touché par leur intérêt sympathique, mais il dit :
“J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas.”
Les disciples se demandaient qui pouvait lui avoir apporté des
aliments. Il s’expliqua : “Ma nourriture est de faire la volonté de
celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.” Jésus se réjouissait
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d’avoir réussi, par ses paroles, à réveiller la conscience de cette
femme. Il la voyait buvant de l’eau de la vie, et il en oubliait sa
propre faim et sa propre soif. L’accomplissement de sa mission sur
la terre fortifiait le Sauveur pour ses labeurs, et le plaçait au-dessus
des besoins humains. Aider une âme affamée et assoiffée de la vérité
lui était plus agréable que manger ou boire. C’était pour lui une
consolation, un rafraîchissement. Car la bonté était la vie de son
âme.
Notre Rédempteur désire être reconnu. Il a besoin de la sympa-
thie et de l’amour de ceux qu’il a rachetés par son sang. Il éprouve un
désir inexprimable de les voir venir à lui pour avoir la vie. Comme la
mère attend le sourire par lequel son petit enfant montre qu’il la re-
connaît, et qui annonce l’éveil de l’intelligence, ainsi le Christ attend
l’expression d’amour reconnaissant indiquant que la vie spirituelle a
pris naissance dans une âme.
La femme, remplie de joie en écoutant les paroles du Christ,
peut à peine supporter cette merveilleuse révélation. Abandonnant sa
cruche, elle retourne à la ville pour porter le message à d’autres. Jésus
sait ce qu’elle va faire. L’abandon de sa cruche attestait l’effet de ses
paroles. Dans son désir ardent d’obtenir l’eau de la vie, elle a oublié
ce qu’elle est venue chercher au puits ; elle a même oublié la soif
du Sauveur, qu’elle s’était proposé d’étancher. Le cœur débordant
de joie, elle se hâte de communiquer à d’autres la précieuse lumière
qu’elle a reçue.