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Jésus-Christ
se dressait entre Juifs et païens, et de prêcher le salut du monde.
Quoique Juif, il frayait librement avec les Samaritains, sans tenir
aucun compte des coutumes pharisiennes. En dépit des préjugés,
il acceptait l’hospitalité d’un peuple méprisé. Il dormit sous leur
toit, mangea à leur table, prenant des aliments préparés et servis par
eux ; il enseigna dans leurs rues et se montra plein de bonté et de
courtoisie.
Dans le temple de Jérusalem un petit mur séparait le parvis
extérieur des autres parties de l’édifice sacré. Ce mur portait des
inscriptions en diverses langues avertissant que les Juifs seuls étaient
autorisés à dépasser cette limite. Un Gentil qui eût présomptueuse-
ment franchi la clôture aurait profané le temple et payé de sa vie
cet acte. Jésus, lui, qui était à l’origine du temple et de ses services,
attirait à lui les Gentils par le lien de la sympathie humaine, tandis
que la grâce divine leur apportait le salut rejeté par les Juifs.
Le séjour de Jésus en Samarie devait être une occasion de bé-
nédiction pour ses disciples encore sous l’influence du fanatisme
juif. Ils considéraient comme un devoir de loyalisme envers leur
nation de cultiver la haine des Samaritains. La conduite de Jésus
les étonnait. Ils ne pouvaient refuser de suivre son exemple ; aussi
leurs préjugés furent-ils refrénés pendant les deux jours qu’ils pas-
sèrent en Samarie, par égard pour lui ; mais leurs cœurs n’étaient
pas gagnés. Ils avaient de la peine à comprendre que le mépris et
la haine devaient faire place à la pitié et à la sympathie. Ce n’est
qu’après l’ascension que les leçons du Sauveur prirent une nouvelle
signification pour eux. Après l’effusion du Saint-Esprit, ils se sou-
vinrent des regards du Sauveur, de ses paroles, du respect mêlé de
tendresse qu’il avait manifesté à l’égard de ces étrangers méprisés.
Les mêmes sentiments accompagnèrent Pierre quand il alla prêcher
en Samarie. Quand Jean fut appelé à se rendre à Ephèse et à Smyrne,
il se souvint de l’expérience de Sichem et fut rempli de gratitude
envers le divin Maître qui, prévoyant les difficultés auxquelles ils
devraient faire face, les avait aidés de son exemple.
Le Sauveur poursuit toujours la même œuvre qu’au moment
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où il offrait à la Samaritaine l’eau de la vie. Il peut arriver à ceux
qui se disent ses disciples de mépriser et de fuir les parias de la
société ; mais aucune circonstance de naissance ou de nationalité,
aucune condition de vie ne peut détourner son amour des enfants