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Jésus-Christ
des trônes et des royaumes, mais en s’adressant aux cœurs humains
par une vie de miséricorde et de sacrifice.
Le principe de renoncement qui avait été à la base de la vie du
Baptiste était aussi le principe du royaume messianique. Jean savait
combien tout ceci était éloigné des principes et des espoirs des chefs
israélites. Ce qui constituait pour lui une preuve convaincante de la
divinité du Christ ne leur apportait aucune lumière. Ils attendaient
un Messie différent de celui qui avait été promis. Jean comprit
que la mission du Sauveur ne pouvait que susciter la haine et la
condamnation. Lui, le précurseur, devait goûter à la coupe que le
Christ allait devoir vider.
Les paroles du Sauveur : “Heureux celui pour qui je ne serai pas
une occasion de chute !” comportaient un léger reproche à l’adresse
de Jean. L’effet n’en fut pas perdu. Comprenant mieux, maintenant,
la nature de la mission du Christ, il s’abandonna entre les mains de
Dieu pour la vie ou pour la mort, uniquement soucieux de servir la
cause qu’il aimait.
Après le départ des messagers, Jésus dit à la foule ce qu’il pensait
de Jean. Le cœur du Sauveur éprouvait une vive sympathie pour le
fidèle témoin enseveli dans le cachot d’Hérode. On ne devait pas
s’imaginer que Dieu avait délaissé Jean, ou que la foi de celui-ci
avait défailli au jour de l’épreuve. “Qu’êtes-vous allés contempler
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au désert ?” demanda le Christ. “Un roseau agité par le vent ?”
Les longs roseaux qui croissaient au bord du Jourdain, ployant
sous l’effet de la brise, pouvaient bien servir à représenter les rabbins
qui s’étaient érigés en juges de la mission du Baptiste. Ils étaient
portés de côté et d’autre par les vents de l’opinion populaire. Ils
ne voulaient pas s’humilier au point de recevoir le message péné-
trant du Baptiste ; seule la crainte du peuple les avait empêchés
de s’opposer ouvertement à son œuvre. Le messager de Dieu était
exempt d’une telle lâcheté. Les foules rassemblées autour du Christ
avaient vu l’œuvre de Jean. Ils l’avaient entendu dénoncer le péché
avec vigueur. Jean avait parlé ouvertement devant les pharisiens
propre-justes, les prêtres du parti sadducéen, le roi Hérode et sa
cour, princes et soldats, péagers et paysans. Il n’était pas un roseau
tremblant, agité par les vents de la flatterie humaine ou du préjugé.
En prison il faisait preuve de la même loyauté à l’égard de Dieu, du