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Emprisonnement et mort de Jean
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le Christ et d’assister aux manifestations de la puissance divine qui
étaient le produit de la lumière plus grande. Il n’avait pu voir les
aveugles recouvrant la vue, les malades guéris, les morts ramenés
à la vie. Il n’avait pu contempler la lumière qui resplendissait dans
chaque parole du Christ, faisant éclater la gloire des promesses
prophétiques. Le plus petit parmi les disciples qui ont vu les œuvres
puissantes du Christ et ont entendu ses paroles a été plus favorisé, à
certains égards, que Jean-Baptiste : il peut donc être dit plus grand
que lui.
Les foules nombreuses qui avaient écouté la prédication de Jean
répandirent sa renommée dans tout le pays. On se demandait avec
anxiété comment finirait sa captivité. Sa vie sans tache et la vénéra-
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tion dont il était entouré faisaient espérer qu’aucune violence ne lui
serait faite.
Hérode voyait en Jean un prophète et il se proposait de le libérer.
Par crainte d’Hérodiade il différa son projet.
Hérodiade se rendait compte qu’elle n’arriverait pas à arracher à
Hérode la condamnation à mort de Jean par des moyens ordinaires ;
elle eut recours à un stratagème. A l’occasion de l’anniversaire du
roi une fête fut organisée en l’honneur des fonctionnaires de l’Etat
et des nobles de la cour. On prévoyait bombance et ivresse. Hérode
perdrait ses moyens et serait amené à céder à l’influence de cette
femme.
Le grand jour arrivé, tandis que le roi et ses seigneurs festoyaient
et buvaient, Hérodiade envoya sa fille dans la salle du banquet pour
y amuser les hôtes par ses danses. Salomé était dans la fleur de sa
jeunesse ; sa beauté voluptueuse captiva les sens des joyeux convives.
Il n’était pas dans les usages que les dames de la cour se fissent
voir dans les festins ; un compliment flatteur fut offert à Hérode
quand cette fille des prêtres et des princes d’Israël dansa pour le
divertissement des convives.
Le roi était pris de vin. La passion troubla et détrôna sa raison.
Il ne vit plus que la salle du festin, avec ses noceurs, la table du
banquet, le vin qui coulait et l’éclat des lumières, et la jeune fille
dansant devant lui. Dans l’insouciance du moment il voulut s’exhiber
devant les grands de son royaume. Il promit avec serment de donner
à la fille d’Hérodiade tout ce qu’elle pourrait demander, fût-ce la
moitié du royaume.