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L’appel des disciples
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C’est à de telles scènes qu’avaient pensé les prophètes en écri-
vant :
“Terre de Zabulon et terre de Nephtali,
Route de la mer, au-delà du Jourdain,
Galilée des païens,
Le peuple, assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière,
Et sur ceux qui étaient assis dans la région et l’ombre de la mort
une lumière s’est levée.”
En prononçant son sermon au bord de la mer, Jésus pensait
non seulement à la foule rassemblée sur les rives de Génésareth,
mais aussi à d’autres auditeurs. Plongeant son regard à travers les
âges il voyait ses fidèles en prison ou devant des tribunaux, tentés,
solitaires et affligés. Toutes les joies, tous les conflits, tous les sujets
d’anxiété de l’avenir lui étaient présents. Tout en s’adressant à ceux
qui se pressaient autour de lui, il parlait aussi à ces autres âmes, leur
transmettant un message d’espérance dans l’épreuve, de consolation
dans la douleur, de lumière céleste dans les ténèbres. Grâce au Saint-
Esprit, la voix qui se faisait entendre d’une barque de pêcheurs sur le
lac de Galilée serait entendue annonçant la paix aux cœurs humains
jusqu’à la fin des temps.
Le discours terminé, Jésus se tourna vers Pierre, et l’invita à
s’avancer en pleine mer et à y jeter son filet. Mais Pierre était dé-
couragé. De toute la nuit il n’avait rien pris. Pendant ces heures
silencieuses, il avait songé au sort de Jean-Baptiste, languissant seul
dans sa prison. Il avait pensé aux perspectives s’ouvrant devant Jé-
sus et ses disciples, au peu de succès que rencontrait la mission en
Judée, à la malice des prêtres et des rabbins. Il échouait même dans
l’exercice de son métier ; et, tandis qu’il regardait les filets vides,
l’avenir lui parut sombre et décourageant. “Maître, dit-il, nous avons
travaillé toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je jetterai
les filets.”
La nuit est le seul moment favorable pour pêcher au filet dans les
eaux claires du lac. Jeter le filet, de jour, après avoir persisté toute
la nuit, sans succès, lui paraît bien inutile ; mais Jésus l’a ordonné,
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et l’amour des disciples pour le Maître les fait obéir. Simon et son
frère lancent le filet. Quand ils le ramènent, il est prêt à se rompre
sous le poids des poissons. Ils sont obligés de demander l’aide de