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Jésus-Christ
Christ voudrait-il le guérir, lui, infortuné, apparemment frappé d’un
jugement divin ? Ne lui jetterait-il pas plutôt l’anathème ainsi que le
faisaient les pharisiens et même les médecins, et ne lui serait-il pas
enjoint de fuir les lieux habités ? Il pense à tout ce qu’il a entendu
dire de Jésus. Personne encore n’a cherché vainement du secours
auprès de lui. Le misérable décide d’aller trouver le Sauveur. Les
villes lui sont interdites : peut-être pourra-t-il rencontrer le Messie
sur quelque chemin de montagne ou bien lorsqu’il enseigne dans
les campagnes. Il n’ignore pas les difficultés d’une telle entreprise,
mais aucune autre possibilité ne s’ouvre devant lui.
Le lépreux fut guidé vers le Sauveur, qui, entouré de la foule,
prêchait au bord du lac. Bien qu’il se tînt à quelque distance, il
saisissait certaines paroles du Sauveur. Il le voyait poser ses mains
sur des malades. Il voyait des boiteux, des aveugles, des paralytiques
et des malheureux affligés de toutes sortes de maladies mortelles se
lever soudain pleins de santé et louant Dieu de leur délivrance. La foi
s’affermit dans son cœur. Il ose s’avancer. Il oublie les restrictions
dont il est l’objet, la sécurité de la foule, la crainte que tous éprouvent
à sa vue. Il ne pense plus qu’à la joyeuse espérance d’être guéri.
Le spectacle qu’il offre est repoussant. La maladie a fait d’ef-
froyables progrès, et la décomposition de la chair est horrible à voir.
On recule de terreur pour éviter son contact. C’est une bousculade.
Quelques-uns s’efforcent de l’écarter de Jésus, mais en vain. Il ne
voit ni n’entend personne. Il n’aperçoit pas leur expression de dé-
goût. Il ne voit que le Fils de Dieu. Il n’entend que la voix qui rend
la vie aux mourants. Il s’avance vers Jésus et se jette à ses pieds en
poussant ce cri : “Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur.”
Jésus posa sa main sur lui et lui dit : “Je le veux, sois purifié.”
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Un changement immédiat se produisit chez le lépreux. Sa chair
redevint saine, ses nerfs recouvrèrent leur sensibilité, ses muscles
leur fermeté. La peau rude et écailleuse, caractéristique de la lèpre,
fit place à une peau souple d’enfant en santé.
Jésus ordonna à cet homme de ne pas publier l’œuvre accomplie
en sa faveur, mais d’aller se présenter au temple sans retard avec
une offrande. Cette offrande ne serait acceptée qu’après l’examen
du prêtre déclarant l’homme entièrement net. Si peu désireux que
l’on fût d’accomplir un tel acte, on ne pourrait éviter cet examen ni
se récuser.