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Jésus-Christ
Les pharisiens, muets d’étonnement, voyant leur échapper l’occa-
sion d’insuffler leurs mauvais sentiments à la multitude, se jugeaient
vaincus. Les rabbins étaient délaissés, car l’œuvre merveilleuse opé-
rée en faveur de cet homme qu’ils avaient abandonné à la colère de
Dieu, avait fortement impressionné le peuple. Ces docteurs recon-
nurent que le Christ possédait un pouvoir dont ils avaient attribué à
Dieu seul le monopole. Ils restaient décontenancés et confus, sentant,
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sans vouloir le confesser, la présence d’un Etre supérieur, dont la
dignité et la douceur contrastaient avec leur attitude hautaine. Plus il
était évident que Jésus avait sur la terre le pouvoir de pardonner les
péchés, plus ils se retranchaient derrière leur incrédulité avec obsti-
nation. Ils sortirent de la maison de Pierre, où ils venaient d’assister
à la guérison du paralytique, pour former de nouveaux complots, en
vue de réduire au silence le Fils de Dieu.
Les maladies physiques les plus malignes et les plus invétérées
ne résistaient pas à la puissance du Christ ; mais la maladie de
l’âme se montrait plus réfractaire chez ceux qui fermaient les yeux
pour ne point voir la lumière. La lèpre et la paralysie étaient moins
redoutables que le fanatisme et l’incrédulité.
Il y eut de vives réjouissances dans la maison du paralytique,
quand celui-ci revint, guéri, au sein de sa famille, portant avec ai-
sance le grabat sur lequel on l’avait lentement transporté quelques
instants auparavant. On s’assembla autour de lui avec des larmes de
reconnaissance ; on n’en pouvait croire ses yeux. Il se tenait devant
eux, plein de vigueur. Ses bras, qu’on avait vus inertes, obéissaient
promptement à sa volonté. Sa chair flasque et couleur de plomb était
redevenue fraîche et vermeille. Il marchait d’un pas ferme et libre.
Tous ses traits respiraient la joie et l’espoir ; les traces du péché et
de la souffrance étaient remplacées par une expression de pureté et
de paix. De joyeuses actions de grâces s’élevèrent de cette maison,
et Dieu fut glorifié à cause de son Fils, qui avait rendu l’espoir au
désespéré et la force à l’homme épuisé. Cet homme était prêt, ainsi
que les siens, à donner sa vie pour Jésus. Aucun doute ne troublait
leur foi ou ne compromettait leur fidélité à celui qui avait apporté la
lumière à ce sombre foyer.
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