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Lévi-Matthieu
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jusqu’à frapper du poing brutalement ; vous ne jeûnez pas, comme
vous devriez le faire en un tel jour, de manière que votre voix soit
entendue là-haut. Est-ce là le jeûne auquel je prends plaisir, un jour
où l’homme humilie son âme ? Courber la tête comme un roseau, se
coucher sur le sac et sur la cendre, est-ce là ce que tu appelles un
jeûne, un jour agréable à l’Eternel
?”
Le vrai jeûne ne consiste pas en un service formaliste. L’Ecriture
décrit ainsi le jeûne voulu de Dieu : “Brise les chaînes injustes,
dénoue les liens de tous les jougs. ... Si tu fais part de ta nourriture
à l’affamé et si tu rassasies l’âme défaillante, ta lumière se lèvera,
... et la nuit se changera pour toi en clarté de midi
” L’esprit et
le caractère de l’œuvre du Christ ressortent de ce passage. Toute
sa vie a été un sacrifice de sa personne en vue du salut du monde.
Soit qu’il jeûnât au désert de la tentation, soit qu’il mangeât avec
les péagers au festin offert par Matthieu, il dépensait sa vie pour la
rédemption des âmes perdues. Le véritable esprit de dévouement ne
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se manifeste pas dans des lamentations stériles, dans des macérations
ou d’innombrables sacrifices, mais dans le renoncement à sa volonté
propre en vue d’un service spontané pour Dieu et pour l’humanité.
Poursuivant sa réponse aux disciples de Jean, Jésus se servit
d’une parabole : “Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil
habit ; car le morceau tire sur l’habit, et il en résulte une déchirure
pire.” Il ne fallait pas entremêler le message de Jean-Baptiste avec
des traditions et des superstitions. Toute tentative d’allier les préten-
tions des pharisiens à la piété de Jean ne ferait que mieux signaler le
gouffre qui les séparait.
Les principes de l’enseignement du Christ ne pouvaient non plus
s’accorder avec les formes du pharisaïsme. Le Christ ne se proposait
pas de combler la brèche ouverte par les enseignements de Jean.
Au contraire, il ferait mieux ressortir la différence entre l’ancien
et le nouveau. Jésus illustra encore sa pensée en ajoutant : “On ne
met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement
les outres se rompent, le vin se répand, et les outres sont perdues.”
Les outres en peau destinées à contenir le vin nouveau devenaient à
la longue sèches et friables et ne pouvaient plus servir à cet usage.
4.
Ésaïe 58 :4, 5
.
5.
Ésaïe 58 :6, 10
.