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Jésus-Christ
Jésus indiquait par là la condition des conducteurs juifs. Prêtres,
scribes et chefs se perdaient dans une routine de cérémonies et de
traditions. Leurs cœurs s’étaient contractés comme ces outres à vin
desséchées auxquelles il les avait comparés. Aussi longtemps qu’ils
se contentaient d’une religion légaliste, ils ne pouvaient devenir dé-
positaires de la vérité vivante venant du ciel. Ils jugeaient suffisante
leur propre justice et ne voyaient pas la nécessité d’introduire un
nouvel élément dans leur religion. Ils ne concevaient pas le bon
vouloir de Dieu comme indépendant d’eux-mêmes. Ils comptaient le
mériter par leurs bonnes œuvres. La foi agissante par la charité, qui
purifie l’âme, ne pouvait s’allier à la religion des pharisiens, faite de
cérémonies et de préceptes humains. Il était vain de vouloir unir les
enseignements de Jésus à la religion établie. La vérité vitale de Dieu,
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tel un vin en fermentation, ferait voler en éclats les vieux récipients
délabrés des traditions pharisaïques.
Les pharisiens s’estimaient trop sages pour être enseignés, trop
justes pour avoir besoin de salut, trop honorés pour solliciter l’hon-
neur que le Christ pouvait leur conférer. C’est pourquoi le Sauveur
se détourna d’eux et se mit à la recherche de ceux qui seraient dis-
posés à recevoir le message du ciel. Des pêcheurs ignorants, des
péagers trouvés sur la place du marché, une femme samaritaine, des
gens du commun qui l’écoutaient volontiers : voilà les outres neuves
préparées à recevoir le vin nouveau. Les instruments aptes à servir
la cause évangélique sont les âmes qui reçoivent avec joie la lumière
que Dieu leur envoie. Ce sont elles qui sont chargées de commu-
niquer la vérité au monde. Si les serviteurs du Christ consentent à
devenir des outres neuves, par la grâce du Christ, il les remplira de
vin nouveau.
Bien que comparé à un vin nouveau, l’enseignement du Christ
n’était pas une doctrine nouvelle : c’était la révélation de ce qui
avait été enseigné dès le commencement. Mais la vérité divine avait
perdu sa signification primitive et sa beauté aux yeux des pharisiens.
L’enseignement du Christ leur faisait l’effet d’une nouveauté et ils
ne surent en reconnaître la valeur.
Jésus montra comment de faux enseignements ont le pouvoir
d’empêcher d’apprécier et de désirer la vérité. “Personne, dit-il, après
avoir bu du vin vieux, n’en veut du nouveau, car il dit : Le vieux
est bon.” Toutes les vérités qui avaient été transmises par les pa-