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Donnez-leur vous-mêmes à manger
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Pourtant le jour pâlissait, le soleil disparaissait à l’occident, et les
gens s’attardaient. Jésus avait travaillé toute la journée sans prendre
de nourriture et de repos. Il était pâle de fatigue et de faim, et les
disciples le supplièrent de mettre un terme à ses efforts ; cependant
il ne pouvait se dérober à ceux qui l’assiégeaient.
Enfin les disciples insistèrent pour que la foule fût congédiée,
dans son propre intérêt. Beaucoup étaient venus de loin et n’avaient
rien mangé depuis le matin. Ils pourraient se procurer des aliments
dans les villes et les villages environnants. Mais Jésus leur dit :
“Donnez-leur vous-mêmes à manger”, et, se tournant vers Philippe,
il lui demanda : “Où achèterons-nous des pains pour que ces gens
aient à manger ?” Il parlait ainsi pour mettre à l’épreuve la foi du
disciple. Philippe regarda cette mer humaine, et vit bien qu’il était
impossible de trouver des provisions en assez grande abondance
pour apaiser la faim d’une telle multitude. Il répondit que deux cents
deniers de pains ne suffiraient pas pour en donner un peu à chacun.
Jésus s’informa alors de ce dont on disposait comme aliments. “Il
y a ici un jeune garçon, dit André, qui a cinq pains d’orge et deux
poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de personnes ?” Jésus
ordonna qu’on les lui apportât. Puis il dit aux disciples de faire
asseoir les gens sur l’herbe, par groupes de cinquante ou de cent,
et de maintenir l’ordre, afin que tous pussent être témoins de ce
qu’il allait faire. Quand ces ordres eurent été exécutés, Jésus prit
la nourriture, “leva les yeux vers le ciel et prononça la bénédiction.
Puis il les rompit et les donna aux disciples pour les distribuer à
la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta douze
paniers pleins des morceaux qui restaient.”
Celui qui, par son enseignement, montrait à tous les hommes
la voie qui conduit à la paix et au bonheur, se préoccupait autant
de leurs nécessités temporelles que de leurs besoins spirituels. Le
peuple était fatigué et défaillant. Des mères portaient des bébés
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dans leurs bras et des petits enfants se suspendaient à leurs jupes.
Plusieurs étaient restés debout pendant des heures. Les paroles du
Christ éveillaient un tel intérêt qu’ils n’avaient même pas songé
à s’asseoir un instant ; d’ailleurs la foule était si compacte qu’on
risquait d’être piétiné. Jésus voulant leur donner l’occasion de se
reposer, les invita à s’asseoir sur l’herbe, abondante à cet endroit.