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Donnez-leur vous-mêmes à manger
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nibles notre courage fléchit et notre foi nous abandonne. Comme
André en présence des cinq pains d’orge et des deux petits poissons,
nous nous écrions : “Qu’est-ce que cela pour tant de personnes ?”
Trop souvent nous hésitons, craignant de dépenser et surtout de nous
dépenser pour d’autres. Mais Jésus nous commande : “Donnez-leur
vous-mêmes
à manger.” Son ordre équivaut à une promesse ; il est
accompagné de la même puissance qui a rassasié la foule au bord de
la mer.
L’acte par lequel le Christ a pourvu aux nécessités temporelles
d’une foule affamée sert d’image à une profonde leçon spirituelle,
destinée à tous ses ouvriers. Le Christ donna aux disciples ce qu’il
avait reçu du Père ; les disciples distribuèrent ce don à la foule, et
les personnes présentes se passèrent les aliments les unes aux autres.
Ainsi ceux qui sont unis à Christ recevront de lui le pain de vie, la
nourriture céleste, et la distribueront à d’autres.
Comptant pleinement sur Dieu, Jésus prit la petite quantité de
pain ; et bien qu’elle fût insuffisante même aux besoins de ses dis-
ciples, il leur donna l’ordre, au lieu de les inviter à manger, de répartir
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cette nourriture entre les personnes présentes. Celle-ci fut multipliée
entre ses mains, et les mains des disciples, tendues vers le Christ,
le Pain de vie, ne restaient jamais vides. Cette faible provision fut
suffisante pour tous. Et quand ils furent rassasiés, on ramassa les
morceaux qui restaient, et le Christ put manger, avec ses disciples,
de ce précieux aliment, dispensé par le ciel.
Les disciples servirent de moyens de communication entre le
Christ et le peuple. Il y a là un puissant encouragement pour ceux
qui sont, aujourd’hui, ses disciples. Le Christ est le grand centre, la
source de toute force. C’est de lui que ses disciples doivent recevoir
leurs ressources. Les plus intelligents, les plus spirituels ne peuvent
dispenser que dans la mesure où ils reçoivent. Ils ne tirent rien d’eux-
mêmes pour les besoins de l’âme. Il nous est impossible de rien
donner si nous n’avons reçu du Christ ; et nous ne sommes à même
de recevoir qu’en tant que nous communiquons à d’autres. Aussi
longtemps que nous transmettons, nous continuons de recevoir ; et
plus nous donnons, plus nous recevons. C’est ainsi que nous pouvons
constamment croire, nous confier, recevoir, et dispenser.
L’œuvre qui a pour but d’établir le royaume du Christ fera des
progrès, bien qu’elle ne paraisse avancer que lentement, et même