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La crise de la Galilée
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avait attribuée d’avance au Messie ; mais ils n’avaient pas vu ce que
leurs espoirs égoïstes attendaient du Messie. Il est vrai que le Christ
avait nourri la foule pour une fois avec des pains d’orge ; mais aux
jours de Moïse Israël avait été nourri de manne quarante années
durant, et l’on attendait du Messie de plus grands bienfaits. Ces
mécontents se demandaient : Si Jésus était capable d’accomplir des
œuvres aussi étonnantes que celles dont ils avaient été les témoins,
pourquoi ne procurait-il pas santé, force, richesse au peuple tout
entier, et en plus la liberté politique, la puissance et les honneurs ? Ils
n’arrivaient pas à comprendre pourquoi, tout en se disant l’Envoyé
de Dieu, il refusait d’être le roi d’Israël. Pour eux, il s’agissait d’un
mystère impénétrable. Son refus était mal interprété. Certains en
conclurent qu’il n’osait pas revendiquer ses titres parce qu’il avait
des doutes sur le caractère divin de sa mission. Leurs cœurs s’étant
ouverts à l’incrédulité, la semence jetée par Satan portait son fruit
de malentendus et de défection.
Non sans quelque ironie un rabbin demanda : “Quel miracle fais-
tu donc, afin que nous le voyions et que nous te croyions ? Quelle
est ton œuvre ? Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon
ce qui est écrit : Il leur donna à manger le pain venu du ciel.”
Oubliant que Moïse n’avait été qu’un simple instrument, et mé-
connaissant le véritable Auteur du miracle, les Juifs attribuaient à
Moïse l’honneur d’avoir donné la manne. Leurs pères avaient mur-
muré contre Moïse et mis en question ou même nié sa mission divine.
Animés du même esprit, les enfants rejetaient maintenant le Mes-
sager que Dieu leur envoyait. “Jésus leur dit : En vérité, en vérité,
je vous le dis, ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du
ciel.” Il se tenait au milieu d’eux, celui qui avait donné la manne. Le
Christ lui-même avait marché devant les Hébreux au désert et les
avait nourris du pain venu du ciel. Cet aliment symbolisait le vrai
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pain céleste. L’Esprit vivifiant, épanché de la plénitude infinie de
Dieu : voilà la vraie manne. Jésus déclare : “Le pain de Dieu, c’est
celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.”
Comme s’il s’était encore agi de nourriture temporelle, quelques-
uns des auditeurs s’écrièrent : “Seigneur, donne-nous toujours ce
pain-là.” Alors Jésus leur dit carrément : “Moi, je suis le pain de
vie.”