Page 361 - J

Basic HTML Version

La crise de la Galilée
357
de ceux qui avaient été témoins de ses œuvres merveilleuses, Pierre
exprima la foi des disciples : “Tu es le Christ.” Ils ne pouvaient
songer sans déchirement à se séparer de cette ancre de l’âme. Se
priver du Sauveur c’était aller à la dérive sur une mer sombre et
agitée.
Bien des paroles et des actes de Jésus semblent mystérieux à
des esprits finis, mais chacune de ces paroles, chacun de ces actes
poursuit un but bien défini dans l’œuvre de la rédemption ; tout est
calculé en vue du résultat escompté. Si nous étions capables de
comprendre ses desseins, tout nous paraîtrait logique, parfait et en
accord avec sa mission.
[386]
Bien que nous ne puissions pas encore comprendre les œuvres
et les voies de Dieu, nous pouvons déjà apercevoir son grand amour
qui inspire sa conduite à l’égard des hommes. Celui qui vit dans
l’intimité de Jésus arrive à comprendre dans une grande mesure
le mystère de la piété. Il reconnaît la grâce qui distribue des répri-
mandes, qui éprouve le caractère, qui dévoile les secrets des cœurs.
En présentant la vérité qui allait mettre à l’épreuve ses disciples
et en éloigner un grand nombre, Jésus n’ignorait pas le résultat ;
mais il poursuivait un dessein miséricordieux. Il prévoyait les ter-
ribles épreuves auxquelles seraient soumis ses disciples bien-aimés
à l’heure de la tentation. Son agonie en Gethsémané, la trahison et
le crucifiement constitueraient pour eux un véritable tourment. Sans
cette mise à l’épreuve, beaucoup l’auraient suivi pour des motifs
égoïstes. Quand leur Seigneur fut condamné par le tribunal, quand
les foules qui avaient voulu le proclamer roi l’accablèrent de mépris,
quand une tourbe ivre de fureur criait : “Crucifie-le !” — quand leurs
ambitions mondaines furent frustrées, ces êtres épris d’eux-mêmes
l’eussent renié, ajoutant à l’amertume des vrais disciples déjà déçus
dans leurs espoirs les plus chers. A cette heure sombre l’exemple de
ceux qui l’eussent abandonné aurait pu en entraîner d’autres. Mais
Jésus provoqua la crise à un moment où sa présence personnelle
pouvait encore affermir la foi de ses vrais disciples.
Débordant de compassion, en pleine connaissance du sort qui lui
était réservé, le Rédempteur s’efforça avec bonté d’aplanir la voie
des disciples, de les préparer en vue de la cruelle épreuve qui les
attendait.
[387]