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Jésus-Christ
Ils mettaient de côté le cinquième commandement, comme une
chose sans importance, tandis qu’ils se montraient fort stricts dans
l’observation des traditions des anciens. Ils enseignaient que vouer
ses biens au temple était un devoir plus sacré que d’entretenir ses
parents, et que donner à son père ou à sa mère se trouvant dans le
besoin une part de ce qui avait été ainsi consacré, était commettre
un sacrilège. Un fils ingrat n’avait qu’à prononcer le mot
corban
,
vouant ainsi à Dieu tout ce qu’il possédait, pour avoir le droit d’en
jouir aussi longtemps qu’il vivait ; à sa mort seulement ce qui restait
était affecté au service du temple. On pouvait ainsi, pendant sa vie
et jusqu’à sa mort, négliger d’honorer ses parents et les priver du
nécessaire, sous l’apparence d’une prétendue dévotion.
Jésus n’a jamais, ni par sa parole, ni par son exemple, amoin-
dri les obligations de l’homme en ce qui concerne les dons et les
offrandes faits à Dieu. C’est le Christ lui-même qui a donné les direc-
tions de la loi en ce qui concerne les dîmes et les offrandes. Pendant
son existence terrestre il fit l’éloge de la pauvre femme qui avait
placé tout son avoir dans le trésor du temple. Mais le zèle apparent
que les prêtres et les rabbins affichaient pour Dieu dissimulait leur
secret désir d’enrichissement. Ces gens-là trompaient le peuple. Ils
lui imposaient de lourds fardeaux que Dieu n’exigeait pas. Même les
disciples du Christ n’étaient pas entièrement libres du joug imposé
par des préjugés héréditaires et par l’autorité des rabbins. En mettant
à nu le véritable esprit des rabbins, Jésus cherchait à délivrer de
l’esclavage de la tradition tous ceux qu’animait un véritable désir de
servir Dieu.
S’adressant à ces astucieux espions, il leur dit : “Hypocrites,
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Esaïe a bien prophétisé sur vous, quand il a dit : Ce peuple m’honore
des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils
me rendent un culte, ils enseignent des doctrines qui ne sont que
préceptes humains.” Ces paroles du Christ étaient un acte d’accusa-
tion dirigé contre tout le système du pharisaïsme. En plaçant leurs
exigences au-dessus des divins préceptes, disait Jésus, les rabbins
s’élevaient au-dessus de Dieu.
Une véritable fureur s’empara des envoyés de Jérusalem. Ils ne
pouvaient plus accuser le Christ de violer la loi du Sinaï, puisqu’il
venait de prendre sa défense contre leurs traditions. Les grands pré-