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Jésus-Christ
secours de sa misère, il pourrait donner une illustration vivante de
la leçon qu’il se proposait d’enseigner. C’est pour cela qu’il avait
amené ses disciples dans cette contrée. Il voulait leur faire toucher du
doigt l’ignorance qui régnait dans les villes et les villages voisins du
pays d’Israël. Le peuple, auquel toutes facilités avaient été données
pour comprendre la vérité, ignorait les besoins de son entourage.
Rien n’était fait pour venir en aide aux âmes qu’enveloppaient les
ténèbres. Le mur de séparation érigé par l’orgueil juif empêchait
les disciples eux-mêmes d’éprouver de la sympathie pour le monde
païen. Mais ces barrières devaient être renversées.
Le Christ ne répondit pas immédiatement à la requête de cette
femme. Elle représentait une race méprisée, et Jésus lui fit l’accueil
que les Juifs lui auraient réservé. Par là, il se proposait de montrer
aux disciples avec quelle froideur et quel manque de cœur les Juifs
se conduiraient dans un cas semblable, et, en accordant ensuite
l’objet de la requête, il donnerait l’exemple de la compassion que
les disciples devaient manifester en face de telles détresses.
Bien que Jésus n’eût pas répondu, la femme ne perdit pas sa
foi. Comme il poursuivait son chemin, sans paraître l’entendre, elle
le suivit, renouvelant ses supplications. Importunés, les disciples
demandèrent à Jésus de la renvoyer. Voyant que le Maître la traitait
avec indifférence, ils pensaient qu’il partageait le préjugé des Juifs
contre les Cananéens. Mais c’est un Sauveur plein de pitié que
cette femme implorait, et la requête des disciples provoqua cette
réponse de Jésus : “Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la
maison d’Israël.” Quoique cette réponse semblât s’accorder avec la
prévention des Juifs, elle contenait un reproche indirect, à l’adresse
des disciples : c’est ce qu’ils comprirent, plus tard, en se rappelant
combien souvent il leur avait dit qu’il était venu dans le monde pour
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sauver tous ceux qui l’accepteraient.
La femme redoubla d’insistance, se prosternant aux pieds du
Christ, et criant : “Seigneur, viens à mon secours.” Par sa nouvelle
réponse, Jésus parut vouloir repousser encore ses prières : “Il n’est
pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens.”
C’était insinuer qu’il n’était pas juste de gaspiller les bénédictions
dont le peuple de Dieu avait été favorisé en les distribuant à des
étrangers et à des ennemis d’Israël. Toute autre personne eût été
complètement découragée. Mais la femme discerna, sous le refus