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Il fut transfiguré
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en abondance sur son corps courbé, mais il n’y prend pas garde. Les
ombres de la nuit se font plus denses autour de lui, il n’en voit pas
l’épaisseur. Les heures s’écoulent lentement. Les disciples ont joint
d’abord avec une dévotion sincère leurs prières aux siennes ; mais
ils sont bientôt gagnés par la lassitude et, malgré leurs efforts, ils
succombent au sommeil. Jésus leur a parlé de ses souffrances ; il
les a amenés avec lui pour les associer à ses prières ; en ce moment
même il prie pour eux. Le Sauveur a vu la tristesse de ses disciples,
et il désire soulager leur douleur en leur donnant l’assurance que
leur foi n’a pas été vaine. Les douze eux-mêmes ne sont pas tous en
état de recevoir la révélation qu’il désire leur communiquer. Trois
seulement, qui devront être témoins de ses angoisses en Gethsémané,
ont été choisis pour l’accompagner sur la montagne. L’objet actuel
de la requête du Christ c’est qu’il leur soit accordé une manifestation
de la gloire qu’il avait auprès du Père, avant que le monde fût, que
son royaume soit révélé à des yeux humains et que ses disciples
soient affermis par cette vue. Il demande qu’ils puissent assister à
une manifestation de sa divinité qui les soutiendra à l’heure de son
agonie suprême en leur apportant la certitude qu’il est le Fils de Dieu
et que sa mort ignominieuse fait partie du plan de la rédemption.
Sa prière est entendue. Tandis qu’il est agenouillé seul sur le sol
rocailleux, les cieux tout à coup s’entrouvrent sur les portes d’or de la
cité de Dieu ; une sainte splendeur enveloppe la montagne, illuminant
le Sauveur. De l’intérieur, la divinité éclate à travers l’humanité et
rejoint la gloire qui vient d’en haut. Le Christ prosterné se dresse
soudain dans une majesté divine. L’agonie de son âme a cessé. Son
visage resplendit maintenant comme le soleil et ses vêtements ont la
blancheur de la lumière.
Les disciples sont réveillés et contemplent la gloire inondant la
montagne. Saisis de crainte et d’étonnement, ils admirent la forme
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lumineuse de leur Maître. Quand leurs yeux se sont habitués à cette
lumière surnaturelle, ils s’aperçoivent que Jésus n’est pas seul. Deux
êtres célestes se trouvent là, s’entretenant d’une manière intime avec
lui. C’est Moïse, qui autrefois parla avec Dieu au Sinaï ; et c’est Elie,
qui eut le privilège, presque unique, de ne pas passer par la mort.
Quinze siècles auparavant, sur le mont Pisga, Moïse avait
contemplé le pays de la promesse. A cause du péché commis à
Mériba, il ne lui fut pas donné d’y entrer. Il ne devait pas avoir la