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Jésus-Christ
intrigants s’en servaient pour leur propre usage. Pour couvrir leurs
actes malhonnêtes, ils offraient de longues prières en public, et fai-
saient grande ostentation de leur piété. Le Christ déclara que cette
hypocrisie attirerait sur eux une plus grande condamnation. Le même
reproche pourrait être adressé aujourd’hui à beaucoup de ceux qui
font étalage de leur piété. Leurs vies sont souillées par l’égoïsme et
l’avarice, mais ils dissimulent tout cela sous un vêtement de pureté
apparente et réussissent ainsi à tromper momentanément leurs sem-
blables. Mais Dieu ne se laisse pas tromper. Il connaît les pensées
du cœur et il jugera chaque homme selon ses œuvres.
Tout en condamnant leurs abus sans désemparer, le Christ veillait
à ne point amoindrir les obligations de ses auditeurs. Il condamnait
l’égoïsme qui extorquait des dons aux veuves pour en faire un mau-
vais usage, mais en même temps il faisait l’éloge de la veuve qui
apporta son offrande dans le trésor de Dieu. Même si l’homme abuse
du don, le donateur n’est pas privé de la bénédiction divine.
Jésus se tenait dans les parvis à l’endroit où étaient les troncs
destinés à recevoir les offrandes, et il surveillait ceux qui appor-
taient leurs offrandes. Bien des riches présentaient avec beaucoup
d’ostentation de fortes sommes et Jésus les regardait tristement sans
commenter d’aucune façon leurs actes de libéralité. Tout à coup son
visage s’illumina en voyant approcher une pauvre veuve, hésitant
comme si elle craignait d’être observée. Tandis que les riches et les
orgueilleux s’avançaient hardiment, elle se tenait en arrière avec hu-
milité. Cependant elle désirait faire quelque chose, si peu que ce fût,
pour la cause qu’elle chérissait. Elle regarda le don qu’elle tenait à la
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main, fort peu de chose en comparaison des somptueux présents des
autres, mais c’était tout ce qu’elle possédait. A la première occasion,
elle jeta, à la hâte, ses deux pites et se retourna pour s’en aller ; en
faisant ce mouvement, elle rencontra le regard de Jésus, intensément
fixé sur elle.
Le Sauveur appela à lui ses disciples, et leur fit remarquer la
pauvreté de cette veuve. Celle-ci entendit la parole d’éloge : “Je
vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a mis plus que tous les
autres.” Ses yeux se remplirent de larmes de joie quand elle vit son
acte compris et apprécié. D’autres lui auraient conseillé de garder
pour elle sa maigre obole ; dans les mains des prêtres bien nourris,
cette faible somme serait perdue parmi de riches offrandes. Mais