Page 576 - J

Basic HTML Version

572
Jésus-Christ
dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville.” Des
prophètes et des sages, remplis de foi et de Saint-Esprit, — Etienne,
Jacques, ainsi que beaucoup d’autres, — allaient être condamnés
et mis à mort. Une main levée vers le ciel, le Christ s’adressait,
comme un juge, à ceux qui étaient devant lui. Sa voix, généralement
tendre et suppliante, faisait maintenant entendre des reproches et des
condamnations. Ses auditeurs frissonnaient. L’impression produite
par ses paroles et par son regard ne devait jamais s’effacer.
Le Christ s’indignait de l’hypocrisie et des péchés scandaleux par
lesquels ces hommes détruisaient leurs âmes, séduisaient le peuple
et déshonoraient Dieu. Sous les arguments spécieux et trompeurs
des prêtres et des chefs, il discernait l’influence des instruments de
Satan. Bien qu’il stigmatisât le péché avec la plus grande énergie,
et qu’il éprouvât une sainte colère contre le prince des ténèbres, il
ne manifesta aucune impatience et ne prononça aucune parole de
vengeance. De même, le chrétien qui vit en harmonie avec Dieu et
possède les douces qualités de l’amour et de la compassion pourra
éprouver une juste indignation à l’égard du péché, mais la passion
ne le fera pas maltraiter ceux qui le maltraitent. Même s’il doit af-
fronter ceux qu’une puissance inférieure pousse à maintenir l’erreur,
il trouvera, en Christ, la force nécessaire pour rester calme et maître
de lui-même.
Une pitié divine paraissait sur le visage du Fils de Dieu tandis
qu’il jetait un dernier regard sur le temple et sur ses auditeurs. La voix
brisée par l’émotion, il s’écria avec des larmes amères : “Jérusalem,
Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont
envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme
une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez
pas voulu !” C’est ici la lutte qui précède la séparation. Le cœur de
Dieu lui-même semble se répandre dans cette lamentation du Christ.
C’est l’adieu mystérieux de l’amour divin si plein de longanimité.
[619]
Pharisiens et sadducéens étaient également muets. Jésus rappela
ses disciples et se prépara à quitter le temple, non pas comme un
vaincu chassé par des adversaires, mais victorieux de la lutte et ayant
achevé son œuvre.
Bien des cœurs devaient garder, comme un trésor, les joyaux de
vérité qui tombaient en ce jour mémorable des lèvres du Sauveur.
Ils suscitaient parmi eux de nouvelles pensées, de nouvelles aspira-