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Devant Anne et devant Caïphe
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se tenait devant lui, dans l’attitude d’un prisonnier, allait-il s’attaquer
à ses théories les plus chères ? Feignant une indignation sacrée, il
déchira sa robe et demanda que le prisonnier fût, sans autre forme de
procès, condamné comme blasphémateur. “Qu’avons-nous encore
besoin de témoins ? dit-il. Vous venez d’entendre le blasphème.
Qu’en pensez-vous ?” Tous furent d’accord pour le condamner.
La conviction qui s’était emparée de lui, mêlée à la passion, dé-
termina la conduite de Caïphe. Furieux de ne pouvoir s’empêcher de
croire aux paroles du Christ, au lieu de déchirer son cœur sous l’im-
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pression produite par la vérité et de confesser la messianité de Jésus,
il déchira sa robe sacerdotale, décidé à résister. Ce geste revêtait une
signification profonde. Par cet acte, qui visait à influencer les juges
et assurer la condamnation du Christ, le souverain sacrificateur s’est
condamné lui-même. Au regard de la loi de Dieu il s’était disqualifié
en vue du sacerdoce. Il avait prononcé une sentence de mort sur
lui-même.
Le souverain sacrificateur ne devait pas déchirer ses vêtements.
La loi lévitique le lui défendait sous peine de mort. Aucune circons-
tance, aucune occasion, n’autorisait un prêtre à déchirer sa robe. Les
Juifs avaient la coutume de déchirer leurs vêtements à la mort de leur
amis, mais il était interdit au prêtre de se conformer à cet usage. Le
Christ avait donné à Moïse un commandement positif à cet égard
Tout ce que le prêtre portait devait être entier et sans tache. Ses
beaux vêtements officiels représentaient le caractère de Jésus-Christ,
le grand Antitype. Dieu ne pouvait rien accepter qui ne fût parfait,
soit dans le vêtement et l’attitude, soit en paroles et en esprit. Il est
saint, et le service terrestre devait donner une idée de sa gloire et de sa
perfection. La sainteté du service céleste ne pouvait être représentée
convenablement par quoi que ce soit qui ne fût parfait. L’homme
borné peut déchirer son propre cœur pour montrer un esprit humble
et contrit. Dieu apprécie cela. Mais aucune déchirure ne devait être
faite aux vêtements sacerdotaux, car cela eût faussé la représentation
des choses célestes. Le souverain sacrificateur qui eût osé paraître,
dans l’exercice de ses fonctions sacrées, et vaquer au service du
sanctuaire avec une robe déchirée, eût été considéré comme ayant
rompu avec Dieu. En déchirant son vêtement il perdait son caractère
5.
Lévitique 10 :6
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