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Jésus-Christ
Pierre dut répondre, et il dit avec colère : “Femme, je ne le connais
pas.” C’était le premier reniement, et immédiatement le coq chanta.
O Pierre ! tu as déjà honte de ton Maître ? Et tu renies ton Seigneur !
En entrant dans la salle du tribunal, Jean n’avait pas essayé de
dissimuler sa qualité de disciple de Jésus. Il ne rechercha pas la
compagnie des gens grossiers qui injuriaient son Maître. On ne
l’interrogea pas, parce qu’il ne s’était pas donné une fausse attitude
et n’avait pas prêté aux soupçons. Il se retira dans un coin où il
pût rester inaperçu, mais aussi près que possible de Jésus. De là il
pouvait voir et entendre tout ce qui se faisait, pendant le procès du
Seigneur.
Pierre n’avait pas voulu se faire connaître. Par son air détaché il
s’était placé sur le terrain de l’ennemi, et il fut une proie facile pour
la tentation. Appelé à combattre pour le Maître, il eût été un soldat
courageux ; cependant il se montra lâche lorsqu’un doigt méprisant
se dirigea vers lui. Bien des personnes, qui n’hésitent pas à lutter
pour leur Maître, renient pourtant leur foi dès qu’elles sont l’objet du
ridicule. En entrant dans la société de ceux que l’on devrait éviter, on
se place sur le chemin de la tentation. On invite, en quelque sorte, le
tentateur, et on arrive à dire et à faire des choses dont on ne se serait
jamais rendu coupable dans d’autres circonstances. Le disciple du
Christ qui, de nos jours, dissimule sa foi, par crainte des souffrances
ou de l’opprobre, renie son Maître tout aussi sûrement que ne l’a
fait Pierre dans la cour du grand prêtre.
Bien que Pierre semblât ne pas s’intéresser au procès de son
Maître, il avait le cœur torturé par les injures odieuses et les mauvais
traitements dont Jésus était l’objet. De plus, il était surpris et irrité
de voir que Jésus se laissait humilier, et ses disciples avec lui. C’est
pour cacher ses vrais sentiments qu’il essaya de se dissimuler dans la
foule des persécuteurs de Jésus. Mais son allure n’était pas naturelle.
Il mentait par ses actes, et, tout en s’efforçant de parler comme un
indifférent, il ne pouvait s’empêcher de manifester son indignation à
la vue des insultes dont son Maître était abreuvé.
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L’attention fut attirée sur lui une seconde fois, et, de nouveau, il
fut accusé d’être un disciple de Jésus. Il déclara alors avec serment :
“Je ne connais pas l’homme dont vous parlez.” Une autre occasion
lui fut encore accordée. Une heure plus tard, l’un des serviteurs du
grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, lui