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Devant Anne et devant Caïphe
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dit : “Ne t’ai-je pas vu avec lui dans le jardin ?” “Peu après, ceux qui
étaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : Certainement toi aussi,
tu es de ces gens-là, car ton langage te trahit.” Ceci fit bondir Pierre.
Comme les disciples de Jésus étaient connus pour la correction de
leur langage, Pierre qui voulait tromper ceux qui l’interrogeaient
et persévérer dans son rôle, se mit à renier son Maître en proférant
des malédictions accompagnées de jurements. De nouveau, le coq
chanta. Pierre, l’ayant entendu cette fois, se souvint des paroles de
Jésus : “Avant que le coq chante deux fois, toi tu me renieras trois
fois
Ces jurements avilissants étaient encore sur les lèvres de Pierre,
et les cris perçants du coq retentissaient encore à ses oreilles, lorsque
le Sauveur se détourna de ses juges pour regarder fixement le pauvre
disciple. Au même instant les yeux de Pierre furent attirés vers le
Maître. Sur le tendre visage de celui-ci on ne lisait aucune colère,
mais seulement la pitié et la douleur.
Le cœur du renégat fut percé comme par une flèche à la vue de
ce visage pâle et souffrant, de ces lèvres tremblantes, de ce regard
exprimant la compassion et le pardon. Sa conscience se réveilla. Les
souvenirs affluèrent à son esprit. Il se rappela comment, quelques
heures auparavant, il avait promis à son Maître de l’accompagner
en prison et à la mort ; comment il avait été offensé en entendant le
Sauveur lui dire, dans la chambre haute, qu’il renierait trois fois son
Maître cette nuit même. Pierre venait d’affirmer qu’il ne connaissait
pas Jésus, mais il voyait, maintenant, avec douleur, combien le Sei-
gneur, lui, le connaissait, et avec quelle assurance il lisait dans son
cœur, ce cœur dont lui-même ne devinait pas toute la fourberie.
Pierre se souvint de la tendre miséricorde du Sauveur, de sa
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bonté, de sa longanimité, de sa patience envers les disciples égarés
et de l’avertissement donné : “Simon, Simon, Satan vous a réclamés,
pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi,
afin que ta foi ne défaille pas
” Il réfléchissait avec horreur à son
ingratitude, à sa fausseté, à son parjure. Une fois de plus il dirigea
ses regards vers le Maître et aperçut une main sacrilège qui se levait
8.
Marc 14 :30
.
9.
Luc 22 :31, 32
.