Page 67 - J

Basic HTML Version

Jours de lutte
63
confus de recevoir des enseignements de la part d’un enfant. Ils sou-
tenaient qu’il leur appartenait d’expliquer les Ecritures et que son
rôle devait se borner à accepter leur interprétation. Son opposition
suscitait leur indignation.
Ils savaient bien que l’Ecriture n’autorisait en rien leurs tradi-
tions. Ils étaient obligés d’admettre que la compréhension spirituelle
de Jésus dépassait la leur de beaucoup. Mais ils s’irritaient parce
qu’il ne se soumettait pas à leurs injonctions. Ne réussissant pas à le
convaincre, ils se plaignirent à Joseph et à Marie de ses refus et lui
firent adresser des remontrances et des blâmes.
Dès sa plus tendre enfance Jésus avait commencé à agir de son
propre chef pour la formation de son caractère ; le respect et l’amour
qu’il portait à ses parents ne pouvaient le détourner de l’obéissance
à la Parole de Dieu. “Il est écrit” : tel était le motif qui le faisait
agir toutes les fois qu’il s’écartait des coutumes familiales. Mais
l’influence des rabbins lui rendait la vie amère. Dès sa jeunesse il
lui fallut apprendre les dures leçons du silence et de la patience.
Les fils de Joseph, considérés comme ses frères, prenaient le parti
des rabbins. Ils insistaient pour que les traditions reçussent le même
accueil que les exigences divines. Ils plaçaient les préceptes humains
au-dessus de la Parole de Dieu et la pénétration avec laquelle Jésus
savait clairement distinguer entre le vrai et le faux les indisposait.
La rigueur avec laquelle il obéissait à la loi de Dieu leur paraissait
de l’entêtement. La connaissance et la sagesse avec lesquelles il
répondait aux rabbins les surprenaient. Ils savaient bien qu’il n’avait
pas été à l’école des sages et ils étaient obligés de reconnaître qu’il
leur en remontrait, que l’éducation qu’il avait reçue était supérieure
[70]
à la leur. Ils ne savaient pas voir qu’il avait accès à l’arbre de vie,
source de connaissance ignorée par eux.
Le Christ n’était pas exclusif et il avait gravement offensé les pha-
risiens par l’éloignement qu’il manifestait sous ce rapport à l’égard
de leurs règles étroites. Il constata que le domaine religieux avait été
entouré de barrières infranchissables, comme étant trop sacré pour
entrer en contact avec la vie quotidienne. Il renversa ces barrières.
Dans ses rapports avec d’autres hommes il ne leur demandait pas :
Quel est votre crédo ? A quelle église appartenez-vous ? Il tendait
une main secourable à tous ceux qui étaient dans le besoin. Loin
de s’enfermer dans une cellule d’ermite pour montrer son caractère