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Jésus-Christ
Judas raisonnait ainsi : Si Jésus doit être crucifié, il faut que la
chose arrive. L’acte par lequel le Sauveur serait trahi ne changerait
rien au résultat. Et si Jésus ne doit pas mourir, il se verra forcé de
se délivrer lui-même. De toute manière, Judas tirerait profit de sa
perfidie. Il pensait donc faire une bonne affaire en livrant son Maître.
Judas ne pensait pas que le Christ se laisserait arrêter. Il se
proposait, en le trahissant, de lui donner une leçon et voulait obliger
le Sauveur à le traiter dorénavant avec respect. Judas ne savait pas
qu’il livrait le Christ à la mort. Combien de fois, par les illustrations
frappantes qui accompagnaient ses paraboles, le Sauveur avait réussi
à mettre hors de la voie les scribes et les pharisiens et les avait
forcés à se condamner eux-mêmes. Souvent, quand la vérité les avait
blessés au cœur, pleins de rage, ils avaient saisi des pierres pour
le lapider ; mais toujours il leur avait échappé. Il s’était évadé de
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tant de pièges, que Judas était certain qu’il ne se laisserait jamais
prendre ; il décida de risquer l’aventure. Si Jésus était vraiment le
Messie, les gens auxquels il avait fait tant de bien se rallieraient sous
son drapeau et le proclameraient Roi. Ceci contraindrait bien des
esprits indécis à prendre parti. Judas aurait l’honneur d’avoir placé
le Roi sur le trône de David ; et cet acte lui assurerait la première
place, immédiatement après le Christ, dans le nouveau royaume.
Le faux disciple joua son rôle : il trahit Jésus. Lorsque, dans le
jardin, il avait dit à l’entraîneur de la foule : “Celui à qui je donnerai
un baiser, c’est lui : saisissez-le
, il croyait fermement que le Christ
s’échapperait de leurs mains. Et si on lui avait adressé des reproches,
il se serait défendu en disant : Ne vous ai-je pas dit de bien le tenir ?
On le prit au mot, et Jésus fut lié fortement. Judas eut la surprise
de constater que le Sauveur se laissait emmener. Il le suivit, anxieux,
depuis le jardin jusqu’au lieu où se tint le procès devant les chefs de
la nation juive. Il s’attendait à tout moment à ce qu’il se manifestât,
à la grande surprise de ses ennemis, comme le Fils de Dieu, et à
ce qu’il anéantît les desseins ourdis contre lui. Mais, à mesure que
les heures s’écoulaient, Jésus subissant tous les mauvais traitements
qu’on lui infligeait, le traître commença à redouter d’avoir livré son
Maître à la mort.
3.
Matthieu 26 :48
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