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Jésus-Christ
plus en plus, affaibli son sens moral. Son cœur s’était endurci à tel
point qu’il osait se vanter d’avoir puni Jean-Baptiste de sa hardiesse.
Maintenant il menaçait Jésus, déclarant à plusieurs reprises qu’il
était en son pouvoir de le relâcher ou de le condamner. Mais Jésus
ne semblait pas entendre.
Ce silence, qui paraissait montrer de l’indifférence pour son au-
torité, irrita profondément Hérode. Ce roi vain et gonflé d’orgueil eût
été moins offensé par un violent reproche. Il redoubla de menaces,
mais Jésus persista dans son silence.
Le Christ n’était pas venu dans le monde pour satisfaire une
vaine curiosité, mais pour guérir les cœurs brisés. S’il avait pu, par
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une parole, guérir une âme des atteintes du péché, il ne serait pas
resté silencieux. Il n’avait rien à dire à ceux qui étaient prêts à fouler
la vérité sous des pieds profanes.
Le Christ pouvait transpercer, par ses paroles, le roi endurci, le
frapper de terreur en lui exposant toute l’iniquité de sa vie ainsi
que l’horrible sort qui l’attendait. Jésus lui infligea, par son silence,
la réprimande la plus sévère. Hérode avait rejeté la vérité que lui
avait apportée le plus grand des prophètes : aucun autre message ne
lui serait donné. La Majesté du ciel n’avait pas un mot à lui dire.
Cette oreille qui avait toujours été ouverte pour accueillir les cris
des malheureux restait insensible aux commandements d’Hérode.
Ces yeux qui n’avaient jamais cessé d’exprimer la pitié, l’amour et
le pardon au pécheur repentant, ne daignaient pas gratifier Hérode
d’un regard. Les lèvres qui avaient formulé les vérités les plus
frappantes, et plaidé, avec la plus grande tendresse, auprès des êtres
les plus coupables et les plus dégradés, restaient fermées devant un
roi orgueilleux qui n’éprouvait aucun besoin d’un Sauveur.
La passion assombrissait le visage d’Hérode. S’adressant à la
foule, il déclara, avec colère, que Jésus était un imposteur. Puis il
dit au Christ : Si tu renonces à prouver tes prétentions, je te livrerai
aux soldats et au peuple. Peut-être réussiront-ils à te faire parler. Si
tu n’es qu’un imposteur, tu mérites la mort ; si tu es le Fils de Dieu,
sauve-toi en opérant un miracle.
Il avait à peine dit cela que l’on se précipita sur le Christ. Les
spectateurs, semblables à des bêtes féroces, se jetèrent sur Jésus,
se l’arrachant des mains. Hérode, pour humilier le Fils de Dieu, se