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Jésus-Christ
à Caïphe, ensuite à Pilate. Pilate l’avait envoyé à Hérode, Hérode
l’avait renvoyé à Pilate. Les injures avaient succédé aux injures,
les moqueries aux moqueries ; par deux fois le Christ avait subi
le supplice de la flagellation. Tout ce qui s’était passé au cours
de cette nuit-là était de nature à soumettre à la plus rude épreuve
l’âme d’un homme. Lui, pourtant, n’avait pas défailli. Il n’avait pas
prononcé un seul mot qui ne fût à la gloire de Dieu. Pendant tout ce
procès qui n’avait été qu’une farce ridicule, il s’était conduit avec
fermeté et dignité. Mais lorsque la croix fut posée sur lui, après la
seconde flagellation, la nature humaine ne pouvait pas en supporter
davantage ; Jésus tomba sans connaissance, sous le faix.
La foule qui suivait le Sauveur le vit chanceler, sans éprouver
la moindre compassion. Elle se moqua du fait qu’il ne pouvait
porter cette lourde croix. Cependant, on lui imposa de nouveau le
fardeau et, de nouveau, il tomba évanoui, sur le sol. Ses persécuteurs
virent qu’il ne pouvait le porter plus loin, et ils se demandèrent qui
consentirait à prendre cette charge humiliante. Les Juifs ne pouvaient
le faire, de crainte de contracter une souillure qui les empêcherait
d’observer la Pâque. Personne, même parmi la populace, ne voulait
s’abaisser à porter la croix.
Mais voici qu’un étranger, Simon de Cyrène, qui venait des
champs, se trouve sur le passage de la foule. Il entend les paroles
injurieuses et ordurières ; il entend répéter avec mépris : Faites place
au roi des Juifs. Il s’arrête étonné, et comme il laisse voir quelque
compassion, on le saisit et on place la croix sur ses épaules.
Simon avait entendu parler de Jésus. Ses fils étaient croyants,
mais lui-même n’était pas au nombre des disciples. Ce fut pour
Simon une bénédiction de porter la croix au Calvaire, et il en garda
une reconnaissance éternelle à la Providence. Il fut amené, par là, à
se placer volontairement et joyeusement sous la croix du Christ.
Un certain nombre de femmes se trouvent dans la foule qui
accompagne l’innocent jusqu’au lieu du supplice. Leur attention
est fixée sur Jésus. Quelques-unes l’ont déjà vu auparavant et lui
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ont amené des malades et des affligés. Il y en a même qui ont été
guéries. On raconte ce qui vient de se passer. Elles s’étonnent en
voyant tant de haine s’acharner contre celui pour qui elles éprouvent
une pitié si profonde. La fureur de la foule et les paroles irritées des
prêtres et des principaux n’empêchent pas ces femmes d’exprimer