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Le Calvaire
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qui le suivent en pleurant. Il a aperçu et déchiffré l’inscription placée
sur la tête du Sauveur. Les passants la lisent, les uns d’une voix trem-
blante et douloureuse, d’autres avec des railleries. Le Saint-Esprit
éclaire son esprit, et, peu à peu, la chaîne des preuves se complète
à ses yeux. En ce Jésus, meurtri, attaché à la croix, objet des mo-
queries, il reconnaît l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde.
D’une voix qui exprime à la fois l’espoir et l’angoisse, ce moribond
réduit à l’impuissance se recommande au Sauveur mourant : “Jésus,
souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne.” La réponse
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ne se fait pas attendre, réponse pleine d’amour, de compassion et de
puissance : En vérité, je te le dis aujourd’hui, tu seras avec moi dans
le paradis.
Pendant les longues heures d’agonie, les oreilles de Jésus ont été
frappées par les injures, les quolibets, les imprécations. Son cœur an-
xieux attendait quelque expression de foi venant des disciples, mais
il n’a entendu que ces tristes paroles : “Nous espérions que ce serait
lui qui délivrerait Israël.” Quelle joie, pour le Sauveur, d’entendre
le malfaiteur mourant manifester sa foi et son amour ! Alors que les
chefs de la nation juive le renient et que les disciples eux-mêmes
doutent de sa divinité, ce pauvre larron, sur le seuil de l’éternité,
reconnaît Jésus comme son Seigneur. Plusieurs ont été disposés à le
reconnaître comme leur Seigneur alors qu’il opérait des miracles ou
quand il fut sorti victorieux du tombeau ; seul, le coupable sauvé à
la onzième heure, le reconnaît pendant qu’il agonise sur la croix.
Les paroles de cet homme repentant attirèrent l’attention des
curieux. Ceux qui se sont querellés au pied de la croix au sujet
du partage des vêtements du Christ, et qui ont jeté le sort sur sa
robe, s’arrêtent, silencieux, pour écouter. Retenant leur souffle, ils
regardent le Christ, attendant la réponse qui va sortir des lèvres du
mourant.
Le sombre nuage qui paraît envelopper la croix est déchiré par un
brillant rayon de lumière quand Jésus adresse au larron ses paroles
de promesse. Le malfaiteur repentant, se sentant accepté de Dieu,
éprouve une paix parfaite. Le Christ est glorifié au sein de son hu-
miliation. Il est vainqueur, celui qui aux yeux de tous a paru vaincu.
Il est reconnu comme portant le péché du monde. Les hommes
peuvent maltraiter son corps, enfoncer la couronne d’épines dans
ses tempes saintes, le dépouiller de ses vêtements et se les disputer ;