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Jésus-Christ
à s’y soustraire. Il savait que, sans l’aide de Dieu, l’humanité périrait,
et il voyait des multitudes perdues malgré le secours abondant qui
leur est offert.
Le Christ s’est substitué à nous, il a porté l’iniquité de tous. Il a
été mis au nombre des transgresseurs, afin de pouvoir nous racheter
de la condamnation de la loi. La culpabilité de tous les descendants
d’Adam pesait sur son cœur ; l’effroyable manifestation de la colère
que Dieu éprouve contre le péché remplissait de consternation l’âme
de Jésus. Pendant toute sa vie, le Christ n’avait pas cessé de publier à
un monde perdu la bonne nouvelle de la grâce du Père et de l’amour
qui pardonne. Son thème constant c’était le salut du plus grand
pécheur. Maintenant, sous le poids de la culpabilité qui l’accable, il
ne lui est pas donné d’apercevoir le visage miséricordieux du Père.
Personne ne comprendra jamais la douleur mortelle qu’éprouva le
Sauveur en cette heure d’angoisse suprême où la présence divine lui
était retirée. Son agonie morale était si grande qu’il en oubliait ses
tortures physiques.
Satan assiégeait Jésus de ses tentations redoutables. Le Sauveur
ne voyait pas au-delà de la tombe. L’espérance ne lui montrait plus
la victoire sur le sépulcre ; il ne possédait plus l’assurance que son
sacrifice était agréé de son Père. Sachant que le péché est odieux à
la divinité, il redoutait que la séparation ne fût éternelle. Le Christ
ressentit l’angoisse que tout pécheur devra éprouver quand la grâce
cessera d’intercéder en faveur d’une race coupable. Le sentiment
du péché, qui faisait reposer la colère du Père sur lui en tant que
substitut de l’homme, voilà ce qui rendit sa coupe si amère, ce qui
brisa le cœur du Fils de Dieu.
Les anges qui assistaient à l’agonie désespérée du Sauveur se
voilaient la face devant cet effrayant spectacle. La nature elle-même
exprimait sa sympathie à son Auteur injurié et mourant. Le soleil
refusait d’éclairer une scène aussi atroce. En plein midi, alors qu’il
brillait auparavant de tout son éclat, il parut disparaître soudain.
Une obscurité complète, semblable à un suaire, enveloppait la croix.
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“Jusqu’à la neuvième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre.”
Aucune éclipse, aucune cause naturelle n’expliquait ces ténèbres,
aussi épaisses que celles de minuit quand ne brillent ni la lune ni les
étoiles. C’était un témoignage miraculeux que Dieu donnait pour
confirmer la foi des générations à venir.