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Jésus-Christ
Les Juifs avaient perverti la loi et en avaient fait un joug insup-
portable. Par leurs exigences absurdes ils étaient passés en proverbe
chez les nations. Une haie de restrictions déraisonnables entourait
le sabbat. Cette institution avait cessé de faire leurs délices, comme
une chose honorable, consacrée au Seigneur. Par la faute des scribes
et des pharisiens, l’observation de ce jour était devenu un fardeau
insupportable. Il n’était pas permis à un Juif d’allumer un feu, même
pas une chandelle, le jour du sabbat. Il en résultait qu’ils devaient
s’adresser à des païens et leur demander des services que leurs
propres règles leur défendaient d’accomplir. Ils ne voyaient pas que
si ces actes étaient entachés de péché ceux qui les exigeaient de leurs
employés étaient aussi coupables que s’ils les avaient accomplis eux-
mêmes. Ils s’attribuaient l’exclusivité du salut, en tant que Juifs, et
se disaient que puisque la condition des autres était désespérée rien
ne pouvait l’empirer. Mais Dieu n’a donné aucun commandement
qui ne puisse être observé par tous. Sa loi ne sanctionne aucune
restriction déraisonnable ou égoïste.
Jésus rencontra dans le temple l’homme qu’il avait guéri. Celui-
ci y était venu apporter un sacrifice pour le péché et un sacrifice
d’actions de grâces en raison de la grâce immense dont il avait été
l’objet. Le voyant parmi les adorateurs, Jésus se fit connaître et lui
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adressa ces paroles d’avertissement : “Voici, tu as retrouvé la santé,
ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire.”
En rencontrant son libérateur, la joie de ce miraculé fut à son
comble. Sans se rendre compte de la haine dont Jésus était l’objet,
il s’empressa de le désigner aux pharisiens qui l’avaient interrogé,
comme l’auteur de sa guérison. “C’est pourquoi les Juifs poursui-
vaient Jésus, parce qu’il faisait cela pendant le sabbat.”
Jésus fut amené devant le sanhédrin sous l’accusation d’avoir
violé le sabbat. Si à ce moment-là les Juifs avaient été indépen-
dants, cette accusation eût suffi pour justifier sa condamnation à
mort. Assujettis aux Romains, ils ne pouvaient réaliser leur dessein.
Les Juifs n’étaient pas autorisés à infliger la peine de mort et les
accusations formulées contre le Christ ne pouvaient être prises en
considération par un tribunal romain. On espérait toutefois atteindre
d’autres buts. En dépit d’une vive opposition, l’influence du Christ
s’étendait de plus en plus, même à Jérusalem. Des quantités de gens
qui ne prêtaient aucune attention aux harangues des rabbins étaient