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Le sermon sur la montagne
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amour ; c’est pourquoi ils n’ont pas reçu la puissance et la grâce,
fruits de la vérité sanctifiante. On peut faire profession de croire à
la vérité ; mais si l’on n’en devient pas plus sincère, plus aimable,
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plus patient, plus pénétré de pensées célestes, on est une malédiction
pour soi-même et pour le monde.
La justice que le Christ enseignait consiste à conformer son cœur
et sa vie à la volonté révélée de Dieu. Des hommes pécheurs ne
peuvent devenir justes qu’en ayant foi en Dieu et en maintenant avec
lui une relation vitale. Alors seulement la piété élève les pensées
et ennoblit la vie ; les formes extérieures de la religion s’accordent
avec la pureté intérieure du chrétien ; les cérémonies qui rentrent
dans le service de Dieu cessent d’être des rites insignifiants comme
ceux des pharisiens hypocrites.
Jésus prend séparément chacun des commandements, et il en
dévoile la profondeur et la portée. Bien loin d’en amoindrir la force,
il montre jusqu’où vont les principes qu’ils renferment, et met en
évidence l’erreur fatale que commettent les Juifs en se contentant
d’une obéissance extérieure. Il déclare qu’une mauvaise pensée ou
un regard de convoitise constitue une transgression de la loi divine.
Quiconque se rend complice de la moindre injustice viole la loi, et
se dégrade moralement. Le meurtre prend naissance dans l’esprit.
Celui qui admet dans son cœur un sentiment de haine s’engage sur
la voie du meurtre et ses offrandes sont une abomination aux yeux
de Dieu.
Les Juifs entretenaient un esprit de vengeance. Leur haine
pour les Romains leur inspirait de dures attaques ; ils se rendaient
agréables au malin en manifestant ses défauts et se préparaient ainsi
aux terribles exploits qu’il leur fit commettre plus tard. Il n’y avait
rien dans la piété des pharisiens qui fût de nature à recommander
leur religion auprès des païens. Jésus les exhorta à ne pas se faire
d’illusion en s’imaginant qu’il leur fût permis d’entretenir de mau-
vaises pensées contre leurs oppresseurs et de caresser des espoirs de
vengeance.
Il est vrai qu’il existe une indignation légitime même chez les
disciples du Christ. On est saisi d’une juste colère, qui n’est pas un
péché, mais le fruit d’une conscience sensible, quand on voit Dieu
déshonoré ou son service discrédité, ou l’innocent opprimé. Mais
ceux qui cultivent la colère ou le ressentiment chaque fois qu’ils se