Le sermon sur la montagne
            
            
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              amour ; c’est pourquoi ils n’ont pas reçu la puissance et la grâce,
            
            
              fruits de la vérité sanctifiante. On peut faire profession de croire à
            
            
              la vérité ; mais si l’on n’en devient pas plus sincère, plus aimable,
            
            
              [299]
            
            
              plus patient, plus pénétré de pensées célestes, on est une malédiction
            
            
              pour soi-même et pour le monde.
            
            
              La justice que le Christ enseignait consiste à conformer son cœur
            
            
              et sa vie à la volonté révélée de Dieu. Des hommes pécheurs ne
            
            
              peuvent devenir justes qu’en ayant foi en Dieu et en maintenant avec
            
            
              lui une relation vitale. Alors seulement la piété élève les pensées
            
            
              et ennoblit la vie ; les formes extérieures de la religion s’accordent
            
            
              avec la pureté intérieure du chrétien ; les cérémonies qui rentrent
            
            
              dans le service de Dieu cessent d’être des rites insignifiants comme
            
            
              ceux des pharisiens hypocrites.
            
            
              Jésus prend séparément chacun des commandements, et il en
            
            
              dévoile la profondeur et la portée. Bien loin d’en amoindrir la force,
            
            
              il montre jusqu’où vont les principes qu’ils renferment, et met en
            
            
              évidence l’erreur fatale que commettent les Juifs en se contentant
            
            
              d’une obéissance extérieure. Il déclare qu’une mauvaise pensée ou
            
            
              un regard de convoitise constitue une transgression de la loi divine.
            
            
              Quiconque se rend complice de la moindre injustice viole la loi, et
            
            
              se dégrade moralement. Le meurtre prend naissance dans l’esprit.
            
            
              Celui qui admet dans son cœur un sentiment de haine s’engage sur
            
            
              la voie du meurtre et ses offrandes sont une abomination aux yeux
            
            
              de Dieu.
            
            
              Les Juifs entretenaient un esprit de vengeance. Leur haine
            
            
              pour les Romains leur inspirait de dures attaques ; ils se rendaient
            
            
              agréables au malin en manifestant ses défauts et se préparaient ainsi
            
            
              aux terribles exploits qu’il leur fit commettre plus tard. Il n’y avait
            
            
              rien dans la piété des pharisiens qui fût de nature à recommander
            
            
              leur religion auprès des païens. Jésus les exhorta à ne pas se faire
            
            
              d’illusion en s’imaginant qu’il leur fût permis d’entretenir de mau-
            
            
              vaises pensées contre leurs oppresseurs et de caresser des espoirs de
            
            
              vengeance.
            
            
              Il est vrai qu’il existe une indignation légitime même chez les
            
            
              disciples du Christ. On est saisi d’une juste colère, qui n’est pas un
            
            
              péché, mais le fruit d’une conscience sensible, quand on voit Dieu
            
            
              déshonoré ou son service discrédité, ou l’innocent opprimé. Mais
            
            
              ceux qui cultivent la colère ou le ressentiment chaque fois qu’ils se