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Jésus-Christ
des grincements de dents.” Hélas ! ils sont nombreux aujourd’hui
ceux qui se préparent une aussi fatale déception ! Tandis qu’au sein
des ténèbres païennes des âmes acceptent sa grâce, combien de gens
en pays chrétiens méconnaissent la lumière qui brille pour eux !
A une distance de plus de trente kilomètres de Capernaüm, sur un
plateau d’où l’on aperçoit la vaste et magnifique plaine d’Esdraélon,
se trouvait le village de Naïn, et Jésus y dirigea ses pas. Il avait
avec lui bon nombre de ses disciples ainsi que d’autres personnes,
et tout le long du parcours le peuple affluait, désireux d’entendre ses
paroles d’amour et de pitié ; on apportait des malades pour qu’il les
guérît, et l’on caressait toujours l’espoir que celui qui déployait un
tel pouvoir se ferait proclamer Roi d’Israël. La multitude joyeuse et
pleine d’espérance se pressait sur ses pas, dans le sentier rocailleux
qui menait à la porte du village de montagne.
En approchant, on vit un convoi funèbre sortant de la porte.
Il s’avançait avec lenteur vers le lieu d’ensevelissement. Dans un
cercueil ouvert porté en tête du convoi se trouvait le corps du mort ;
autour, les pleureurs remplissaient l’air de leurs lamentations. Toute
la population du village semblait s’être donné rendez-vous pour
rendre hommage au mort et témoigner sa sympathie aux affligés.
Cette vue inspirait une profonde pitié. Le mort était le fils unique
d’une veuve. La pauvre femme accompagnait à la tombe son seul ap-
pui, sa seule consolation. “Le Seigneur la vit, eut compassion d’elle”,
et comme, aveuglée par les larmes, elle s’avançait sans remarquer
sa présence, il s’approcha d’elle et lui dit doucement : “Ne pleure
pas !” Jésus était sur le point de changer la douleur de cette femme
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en joie, pourtant il ne pouvait s’empêcher d’exprimer d’abord sa
tendre sympathie.
Puis, s’étant approché, il “toucha le cercueil”. La mort elle-même
ne pouvait, par son contact, lui communiquer une souillure. Les
porteurs s’arrêtèrent, et les lamentations se turent. Les deux groupes
se réunirent autour du cercueil, espérant contre toute espérance.
Quelqu’un était là qui avait vaincu la maladie et les démons ; la mort
serait-elle aussi soumise à son pouvoir ?
D’une voix claire et pleine d’autorité Jésus prononça ces paroles :
“Jeune homme, je te le dis, lève-toi !” Cette voix frappe les oreilles
du mort. Le jeune homme ouvre les yeux. Jésus le prend par la
main et le relève. Son regard tombe sur celle qui pleure à côté de