A la fête des tabernacles
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sont mauvaises.” Le monde ne hait pas ceux qui sont animés du
même esprit que lui ; au contraire, il les aime.
Ce monde n’était pas un lieu où le Christ fût venu vivre à l’aise et
s’enrichir. Il n’attendait pas une occasion pour s’emparer du pouvoir
et de la gloire. Il n’ambitionnait pas une telle récompense. C’était
le lieu où son Père l’avait envoyé. Il avait été donné pour la vie du
monde, pour mettre à exécution le vaste plan de la rédemption. Il
accomplissait son œuvre en faveur d’une race déchue. Il ne devait
pas se montrer présomptueux, s’exposer, sans nécessité, au danger
et précipiter ainsi la crise finale. Dans son œuvre, chaque événement
avait son heure déterminée. Il devait attendre patiemment. Il savait
qu’il serait l’objet de la haine du monde et que son œuvre aboutirait
à sa mort ; mais ce n’était pas la volonté de son Père qu’il s’exposât
prématurément.
De Jérusalem le bruit des miracles du Christ s’était répandu dans
tous les lieux où les Juifs se trouvaient dispersés ; et bien que pendant
plusieurs mois il se fût abstenu d’assister aux fêtes, l’intérêt qu’il
avait éveillé n’avait pas cessé. Plusieurs étaient accourus de toutes
les parties du monde, à l’occasion de la fête des tabernacles, dans
l’espoir de le rencontrer. Au commencement de la fête, plusieurs
s’enquéraient à son sujet. Les pharisiens et les anciens l’attendaient,
espérant trouver une occasion de le condamner. Ils demandaient
avec anxiété : “Où est-il ?” Personne ne le savait. Il occupait toutes
les pensées. On n’osait le reconnaître comme le Messie, parce qu’on
craignait les prêtres et les anciens, mais partout on s’entretenait de
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lui avec ardeur quoique en secret. Plusieurs assuraient qu’il était
envoyé de Dieu, d’autres voyaient en lui un séducteur.
Sur ces entrefaites Jésus était arrivé sans bruit à Jérusalem. Il s’y
était rendu seul par une voie peu fréquentée afin d’éviter les nom-
breux voyageurs qui s’y acheminaient de tous côtés. S’il s’était joint
à quelqu’une des caravanes se rendant à la fête, il n’aurait pu entrer
dans la ville sans attirer l’attention, et une démonstration populaire,
en sa faveur, eût dressé contre lui les autorités. Afin d’éviter cela il
décida de faire seul le voyage.
Au milieu de la fête, en pleine effervescence, il entra dans le
parvis du temple, en présence de la foule. Son absence avait fait
dire qu’il n’osait pas se montrer aux prêtres et aux anciens ; aussi sa
présence fut-elle un sujet de surprise. Toutes les voix se turent. On