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Jésus-Christ
et douteuses. Ils pensaient que quoi qu’il pût arriver le royaume ne
tarderait pas à être établi.
Jean, le fils de Zébédée, avait été l’un des deux premiers disciples
à suivre Jésus. Avec son frère Jacques il faisait partie du premier
groupe qui avait tout quitté pour le servir. Ils avaient volontiers dit
adieu à leur foyer et à leurs amis pour l’accompagner ; ils avaient
marché et conversé avec lui ; ils avaient été avec lui en privé et en
public. Il avait apaisé leurs craintes, les avait délivrés du danger, les
avait consolés de leurs peines, les avait enseignés avec patience et
tendresse, tant et si bien que leurs cœurs semblaient ne plus faire
qu’un avec le sien ; l’amour ardent qu’ils lui vouaient leur faisait
désirer d’être aussi près de lui que possible dans son royaume. Jean
ne manquait pas une occasion de se placer à côté du Sauveur, et
Jacques souhaitait obtenir un honneur semblable.
Leur mère avait suivi le Christ et pourvu généreusement à ses
besoins matériels. Son amour maternel et son ambition lui faisaient
convoiter pour ses fils les premières places dans le nouveau royaume.
Elle les encouragea donc à lui adresser une requête.
La mère et les fils vinrent ensemble à Jésus, lui demandant de
leur accorder ce que leurs cœurs désiraient.
“Que voulez-vous que je fasse pour vous ?” demanda-t-il. “Or-
donne, répondit la mère, que mes deux fils que voici soient assis
dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche.”
Jésus les traite avec douceur, s’abstenant de leur reprocher leur
égoïsme qui leur faisait désirer d’obtenir un traitement préférentiel.
Il lit dans leur cœur, il sait l’attachement profond qu’ils ont pour
lui. Leur amour n’est pas une simple affection humaine ; c’est le
trop-plein de son amour rédempteur qui a débordé sur eux, mais qui
a été souillé en passant par le canal humain. Au lieu de réprimander
il veut approfondir et purifier. Il leur dit : “Pouvez-vous boire la
coupe que je vais boire, ou être baptisés du baptême dont je vais
être baptisé ?” Ils se rappellent alors les paroles mystérieuses par
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lesquelles il avait annoncé son épreuve et ses souffrances, ce qui ne
les empêche pas de répondre avec assurance : “Nous le pouvons.” Ils
considéraient comme un honneur enviable de prouver leur loyalisme
en partageant le sort de leur Seigneur.
“Il est vrai que vous boirez la coupe que je vais boire, et que
vous serez baptisés du baptême dont je vais être baptisé”, dit-il,