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Jésus-Christ
Judas, ayant essayé d’occuper la première place en se mettant à
table, se trouva donc être servi le premier par le Christ qui avait pris
l’attitude d’un serviteur. Jean, envers qui Judas avait manifesté tant
d’amertume, fut laissé le dernier ; mais il ne s’en offensa pas. Les
disciples furent profondément émus en voyant le Christ agir ainsi.
Quand vint le tour de Pierre, celui-ci s’écria avec étonnement : “Toi,
Seigneur, tu me laverais les pieds !” La condescendance du Christ lui
brisait le cœur. Il était tout honteux de penser qu’aucun d’eux n’avait
voulu rendre ce service. Jésus lui répondit : “Ce que je fais, tu ne le
sais pas maintenant, mais tu le comprendras dans la suite.” Pierre
ne pouvait se résoudre à voir le Maître, qu’il considérait comme le
Fils de Dieu, jouer ce rôle inférieur. Son âme se révoltait contre une
pareille humiliation. Il ne comprenait pas que c’était pour cela que
le Christ était venu dans le monde. Il s’écria avec énergie : “Non,
jamais tu ne me laveras les pieds.”
Alors le Christ dit à Pierre avec solennité : “Si je ne te lave, tu
n’as point de part avec moi.” Le service que Pierre refusait était
l’image d’une purification plus importante. Le Christ était venu pour
laver les cœurs de la souillure du péché. En ne permettant pas à Jésus
de lui laver les pieds, Pierre refusait la purification plus importante
symbolisée par cet acte. Il rejetait virtuellement son Maître. Ce n’est
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pas humilier le Sauveur que de lui laisser opérer notre purification.
La vraie humilité consiste à accepter avec reconnaissance tout ce
qui est offert et à s’employer avec zèle au service du Christ.
En entendant les paroles : “Si je ne te lave, tu n’as point de part
avec moi”, Pierre renonça à son orgueil et à sa propre volonté. Il ne
pouvait supporter la pensée d’être séparé du Christ, ce qui eût été sa
mort. “Non seulement les pieds, dit-il, mais encore les mains et la
tête. Jésus lui dit : Celui qui s’est baigné n’a pas besoin de se laver
[les pieds exceptés], mais il est entièrement pur.”
Ces paroles impliquent plus que la pureté du corps. Le Christ
continue à parler de la purification plus importante qui est symboli-
sée par l’ablution des pieds. Celui qui sortait du bain était propre,
mais les pieds chaussés de sandales ne tardaient pas à se recouvrir
de poussière, ce qui nécessitait une ablution. Pierre et ses frères
avaient été lavés à la grande source ouverte pour nettoyer du pé-
ché et de l’impureté. Le Christ les reconnaissait comme les siens.
Mais la tentation les avait entraînés au mal, de sorte qu’ils avaient,