Page 697 - J

Basic HTML Version

Le Calvaire
693
leur sympathie. Elles poussent des lamentations lugubres en voyant
Jésus défaillant sous la croix.
Ce fut la seule chose qui attira l’attention du Christ. Malgré
toutes ses souffrances, malgré le poids des péchés du monde, ce
témoignage de sympathie ne le laissa pas indifférent. Il considéra
ces femmes avec une tendre miséricorde. Elles ne croyaient pas en
lui ; il savait qu’elles ne pleuraient pas sur lui comme sur un envoyé
de Dieu, mais qu’elles étaient mues par un sentiment de pitié toute
humaine. Il ne dédaigna pas leur sympathie, cependant il éprouva
pour elles une sympathie plus profonde. “Filles de Jérusalem, dit-il,
ne pleurez pas sur moi ; mais pleurez sur vous et sur vos enfants.”
Les regards du Christ se détachaient de la scène présente pour se
fixer sur la destruction de Jérusalem, où plusieurs d’entre celles qui
pleuraient maintenant sur lui allaient périr avec leurs enfants.
De la chute de Jérusalem, les pensées de Jésus s’élevèrent vers
un jugement plus vaste. Dans la destruction de la ville impénitente il
voyait un symbole de la destruction finale du monde. Il dit : “Alors on
se mettra à dire aux montagnes : Tombez sur nous ! et aux collines :
Couvrez-nous ! Car, si l’on fait cela au bois vert, qu’arrivera-t-il au
bois sec ?” Le bois vert représentait Jésus lui-même, le Rédempteur
innocent. Dieu permit que la colère dont il frappe la transgression
vînt tomber sur son Fils bien-aimé. Jésus devait être crucifié pour les
péchés des hommes. Quel châtiment, alors, était réservé au pécheur
qui persévérerait dans le péché ? Tous les rebelles et les incrédules
seraient exposés à des souffrances et à des misères qu’aucun langage
ne peut exprimer.
Parmi ceux qui suivent le Sauveur au Calvaire, il s’en trouve qui,
avec de joyeux hosannas, en agitant des branches de palmiers, ont
formé le glorieux cortège lors de son entrée triomphale à Jérusalem.
[748]
Bon nombre de ceux qui, par entraînement, ont ce jour-là célébré ses
louanges, font à cette heure entendre le cri : “Crucifie-le ! Crucifie-
le !” Les espérances des disciples avaient atteint le plus haut degré
d’intensité, au moment où le Christ avait fait son entrée dans Jéru-
salem. Ils s’étaient serrés autour du Maître, fiers de lui appartenir.
Maintenant, dans son humiliation, remplis de douleur et accablés de
déception, ils marchent à distance. Avec quelle exactitude s’accom-
plissent les paroles de Jésus : “Je serai pour vous tous, cette nuit,