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Le Calvaire
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éclairs de la colère de Dieu étaient dirigés contre la cité vouée à la
ruine.
Tout à coup l’obscurité qui enveloppait la croix se dissipa, et
Jésus s’écria, d’une voix claire et retentissante : “Tout est accompli.”
“Père, je remets mon esprit entre tes mains.” Une lumière enveloppa
la croix, et le visage du Sauveur resplendit comme le soleil. Sa tête
retomba sur sa poitrine, et il expira.
Le Christ avait vidé, jusqu’à la lie, la coupe de la souffrance
humaine. Pendant ces heures effroyables, il s’était reposé, par la foi,
sur celui à qui il avait toujours accordé une joyeuse obéissance, et
dont il connaissait la justice, la miséricorde et le grand amour. Au
moment où il se confia à Dieu dans une entière soumission, il cessa
de se sentir privé de la faveur de son Père. Le Christ remporta la
victoire par la foi.
Jamais auparavant la terre n’avait contemplé un tel spectacle.
La foule paralysée, retenant son souffle, contemplait le Sauveur.
Les ténèbres réapparurent, un sourd grondement de tonnerre se fit
entendre, la terre trembla. Les gens furent précipités les uns sur les
autres. Il y eut une scène inouïe de confusion et d’affolement. Des
rochers se détachèrent des montagnes environnantes et roulèrent avec
fracas dans la plaine. Des sépulcres furent ouverts, et les cadavres
qu’ils renfermaient, jetés au dehors. La création paraissait sur le point
d’être pulvérisée. Les prêtres, les chefs, les soldats et les bourreaux,
ainsi que tout le peuple, muets de terreur, restaient abattus sur le sol.
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Quand ce cri puissant : “Tout est accompli”, jaillit des lèvres
du Christ, des prêtres officiaient dans le temple. C’était l’heure du
sacrifice du soir. On allait immoler l’agneau représentant le Christ.
Toutes les personnes présentes avaient les yeux fixés sur le prêtre,
paré de ses vêtements magnifiques, si pleins de signification, et
tenant le couteau à la main, comme Abraham se disposant à immoler
son fils. Mais voilà que la terre oscille, car le Seigneur s’approche. Le
voile intérieur du temple, comme sous l’effet d’une main invisible, se
déchire avec bruit, du haut en bas, et les regards de la foule pénètrent
dans le lieu autrefois rempli de la présence de Dieu. C’est là que
Dieu avait manifesté sa gloire au-dessus du propitiatoire. Personne,
excepté le grand prêtre, ne soulevait le voile qui séparait ce lieu
du reste du temple. Lui seul y entrait une fois par an afin de faire
propitiation pour les péchés du peuple. Mais voici que le voile est